INTRODUCTION
Il y a 26 ans, en 1986,
j’entrais en première année de formation au séminaire interdiocésain d’Avignon.
Avant mes années de séminaire à Avignon puis à Rome j’avais certes entendu
parler du Concile Vatican II. Cependant je n’avais jamais eu l’occasion d’en
lire les textes. Comme la plupart des catholiques français j’en vivais sans le
savoir les fruits et les orientations dans ma paroisse et dans mon diocèse. Mais
je ne connaissais quasiment rien des grandes orientations du Concile si ce
n’est que j’avais conscience de pouvoir participer à la messe dans ma propre
langue grâce à la réforme liturgique issue de cette assemblée. Comme pour la
plupart des catholiques français le Concile évoquait d’abord pour moi cette
réforme liturgique qui a été ensuite l’objet de tant de polémiques. C’est donc
grâce aux professeurs du séminaire que j’ai eu un premier contact réel et sérieux
avec les textes de Vatican II. Ordonné prêtre diocésain pour le diocèse
d’Avignon en 1993, j’ai bien sûr depuis rouvert le livre, acquis pendant mes
années d’études et fortement annoté, contenant les documents conciliaires pour
donner telle ou telle formation permanente aux laïcs de mes paroisses ou du
diocèse. Mais il a fallu attendre le 50e anniversaire de l’ouverture
du Concile, donc l’année 2012, pour que je relise intégralement les quatre
constitutions. Il m’a semblé en effet nécessaire de proposer aux membres de la
communauté catholique francophone de Copenhague, dont je suis l’aumônier, une
formation mensuelle tout au long de cette année anniversaire pour leur
permettre de découvrir (ou redécouvrir pour certains) l’enseignement du dernier
Concile. Ce livre n’est que la mise en forme développée des conférences que
j’ai données à Copenhague. Je dois dire que j’ai été émerveillé, en relisant
ces textes et en donnant ces temps de formation, par la vérité et la cohérence
de la doctrine présentée, la justesse et l’équilibre du ton, la finesse des
analyses de la société contemporaine ainsi que par la richesse et la profondeur
des orientations pastorales qui se trouvent dans les quatre constitutions. On y
ressent d’une manière presque palpable le souffle et l’élan de l’Esprit Saint
qui a animé cette assemblée œcuménique pendant trois années de la vie de notre
Eglise. Ce déploiement intégral de la magnifique architecture de la doctrine
catholique, cette méditation magistrale sur le mystère de l’Eglise dans sa
relation à Dieu Trinité et au monde, est un véritable miracle de l’Esprit quand
on sait que le 21e concile de l’histoire de l’Eglise fut le plus
œcuménique de tous[1],
rassemblant dans la basilique saint Pierre pas moins de 2381 pères conciliaires
sous la présidence successive des papes Jean XXIII et Paul VI.
Paul
VI : Le miracle de la conciliation
« On voit que le
Concile fut un temps de visite divine, un temps de grâce. Davantage, une date
solennelle, une grande HEURE, un moment fort dans le temps de l’Eglise. […]
L’ensemble des évêques s’est mis à l’école, à l’écoute et beaucoup sont
surpris qu’en quatre ans leur point de vue ait changé et se soit élargi,
qu’ils aient parfois accepté ce qu’avant le Concile ils auraient jugé
inacceptable ou trop hardi. Cette action du Concile sur lui-même fut un signe
de la présence divine. […] L’Esprit a agi sur le Concile pour le concilier.
On pouvait penser, en se rappelant les anciens Conciles et même le premier
Concile du Vatican, qu’il y aurait une forte minorité d’opposants. Cela n’a
pas été. Les derniers votes ont été presque unanimes… On passa d’un Concile
conciliant – par l’intervalle d’un Concile discutant – à un Concile
réconcilié. Telle fut la dialectique de ce Concile. […] J’ai été, moi aussi,
frappé par ce fait que l’évêque qui donnait son avis dans le Concile
s’opposait souvent à un autre évêque, alors que les jours de vote les deux
votaient ensemble. Lorsqu’un évêque parlait, il avait l’obligation de dire
son avis, son point de vue ; lorsque l’évêque votait, son devoir était
autre : il devait entendre en lui la pensée de l’Esprit. C’est là qu’on
voit la différence de l’humain et du divin. […] Il est parfois question, à
propos du Concile, de vainqueurs et de vaincus. Mais si l’on est vaincu par
une vérité ou un aspect de la vérité
que l’on n’avait pas encore perçus, je dis qu’on est vainqueur. On ne devrait
pas chercher à vaincre son
interlocuteur, mais à le convaincre.
D’une saine et sainte discussion, il ne sort pas un « maître » et
un « esclave », pour parler le langage de Marx, mais deux
serviteurs de la vérité. […] Aussi dans la vraie conciliation, -si différente
du compromis,- chacune des vues partielles doit se retrouver sous une forme
où elle est plus vraie que lorsqu’elle était ardente et solitaire, soutenue
par une seule paternité, issue d’une seule tête, sous une perspective
nécessairement particulière[2] ».
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Les textes issus du
Concile sont vraiment inspirés, non pas à la manière de l’Ecriture Sainte bien
sûr, mais dans le sens où l’Eglise, en puisant dans le meilleur de sa Tradition
bimillénaire, a été capable de proposer le message de l’Evangile d’une manière
nouvelle et sereine. Pour mettre en avant la beauté de sa doctrine et la
présenter d’une manière adaptée au monde contemporain, elle n’a pas ressenti le
besoin de condamner ce monde dans lequel elle-même est insérée en tant que
réalité humaine. Bien au contraire elle a voulu entrer en dialogue avec un
monde connaissant de rapides évolutions et transformations sans éprouver aucune
peur. Ce n’est pas la crainte de la modernité qui a en effet guidé les pères
conciliaires mais plutôt le désir de se mettre au service de tout l’homme et de
tout homme, la ferme volonté de faire rayonner la lumière de la révélation
chrétienne qui seule est capable d’éclairer totalement le mystère de notre
condition humaine. Il suffit de consulter la table biblique et l’index des
sources des documents conciliaires pour se rendre compte que cette gigantesque
réflexion de l’Eglise s’alimente aux racines vivifiantes de la Parole de Dieu,
des Pères de l’Eglise et des conciles précédents[3].
Paul
VI : Tradition et aggiornamento
« Le Concile
n’est pas une nouveauté : c’est la Tradition même, mais avec plus de
vérité intérieure, d’authenticité, de charité.[…] La charité et la vérité ne
s’opposeront jamais, parce que la charité dans son plus haut point, dans son
aspect sublime, est la charité de la vérité… La visée du Concile était
pastorale : il ne s’agissait pas de définir de nouveaux aspects de la
Vérité, mais de rendre cette Vérité plus accessible, plus assimilable aux
esprits de ce temps, par conséquent encore plus vraie, parce que mieux aimée,
plus efficace.[…] Il est de fait qu’en quatre ans de Concile, l’Eglise a
parcouru un immense intervalle, elle a fait un bond en avant, elle est allée
très vite, en apparence du moins. Non pas…pour dire des choses vraiment
nouvelles : NOVA, mais pour mettre en lumière, pour faire émerger, pour
expliciter, pour formuler ce que l’Eglise pensait depuis toujours, ce qui
était impliqué dans l’Evangile lui-même. […] Si certaines manières de faire,
de penser ou de sentir, certaines expressions sont nouvelles, c’est pour que
ce qui était admis depuis toujours soit encore plus approfondi. Et surtout
pour que cela soit accordé avec les exigences des contemporains, qui veulent
plus de liberté, plus d’authenticité, et une connaissance plus personnelle
des mystères de la foi. […] Nous n’avons pas pris le parti de la vie,
abandonnant le parti de la vérité. Nos avons voulu donner à la vérité une vie
plus abondante[4] ».
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La célébration du 50e
anniversaire de l’ouverture du Concile sera l’occasion pour de nombreux
catholiques et non-catholiques de découvrir ou de redécouvrir ces textes. Imitant
l’exemple de Paul VI qui avait proclamé en 1967 une année de la foi à
l’occasion du 19e centenaire du martyre des apôtres Pierre et Paul,
Benoît XVI invite aussi l’Eglise de notre temps à vivre une année de la foi du
11 octobre 2012 au 24 novembre 2013 (Motu proprio Porta Fidei[5]).
Cette année de la foi sera un temps de grâce particulier pour tous ceux qui
feront l’effort de lire et de méditer les textes du Concile et d’étudier le Catéchisme de l’Eglise catholique[6]
qui en est l’un des fruits les plus beaux dans l’enseignement récent de
l’Eglise. Ce simple livre a été écrit comme un guide facilitant la lecture et
la compréhension des quatre constitutions conciliaires. Pour bien comprendre
dans quel esprit elles ont été promulguées il me semble essentiel de se référer
à trois textes non-conciliaires mais étroitement liés au Concile :
1°/ Le discours
d’ouverture par Jean XXIII (11 octobre 1962)
2°/ L’encyclique de
Paul VI, Ecclesiam suam, publiée en
plein Concile le 6 août 1964
3°/ Le discours de
clôture de Paul VI (7 décembre 1965) : à la fin de ce livre.
Il n’y pas de source
plus fiable pour connaître l’esprit du Concile que ces trois textes dans
lesquels les papes du Concile se sont clairement exprimés quant à ses objectifs
et aux fruits qu’ils en attendaient pour l’Eglise et pour le monde.
La numérotation des
textes a été ajoutée par souci pratique. Les mises en évidence de certaines
parties des textes qui suivent (en gras, italique ou souligné) sont de moi. Le
but étant d’attirer l’attention du lecteur sur un passage particulièrement important,
significatif ou synthétique. Je me limiterai à quelques commentaires sous la forme de notes de bas de page.
L'ouverture
solennelle du 21e Concile œcuménique
Discours
du bienheureux pape Jean XXIII[7]
à l'issue de la cérémonie du 11 octobre
VÉNÉRABLES FRÈRES,
1.
Notre sainte Mère l'Eglise est dans la joie. Par une faveur particulière
de la divine Providence, le jour si attendu est arrivé où, sous la protection
de la sainte Mère de Dieu dont nous fêtons aujourd'hui la Maternité, s'ouvre
solennellement, auprès du tombeau de saint Pierre, le IIe Concile
œcuménique du Vatican[8].
LES CONCILES OECUMÉNIQUES DANS
L'EGLISE
2. Tous les Conciles qui se sont célébrés au
cours des temps — aussi bien les vingt Conciles œcuméniques que les
innombrables Conciles provinciaux et régionaux, importants eux aussi —
attestent clairement la vitalité de l'Eglise catholique et sont comme des
flambeaux jalonnant son histoire.
3. L'humble Successeur du Prince des apôtres
qui vous parle, le dernier en date, a voulu en convoquant ces importantes
assises donner une nouvelle affirmation du magistère ecclésiastique toujours
vivant et qui continuera jusqu'à la fin des temps. Par le Concile, en tenant
compte des erreurs[9], des
besoins et des possibilités de notre époque, ce magistère sera présenté
aujourd'hui d'une façon extraordinaire à tous les hommes qui vivent sur la
terre.
4. En ouvrant ce Concile universel, il est
bien naturel que le Vicaire du Christ qui vous parle jette un regard vers le passé
et écoute les échos vivants et réconfortants qui en proviennent. Il aime
évoquer le souvenir des Souverains Pontifes si méritants, des temps lointains
et récents, qui ont transmis le témoignage de ces voix graves et vénérables que
furent les Conciles d'Orient et d'Occident, du IVe siècle au Moyen
Age et jusqu'à notre époque. Avec une constante ferveur, ils ont proclamé le
triomphe de cette société à la fois divine et humaine qu'est l'Eglise du Christ[10],
laquelle a reçu du divin Rédempteur son nom, son sens et le don de la grâce.
5. Si ce sont là des motifs de joie
spirituelle, nous ne pouvons cependant pas oublier les souffrances et les
épreuves de toutes sortes qui, pendant dix-neuf siècles ont obscurci cette
histoire. La prophétie que fit autrefois à Marie le vieillard Siméon s'est
réalisée et elle continue à se réaliser: « Vois! Cet enfant doit amener la
chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en
butte à la contradiction. » (Luc, 2, 34.) Et Jésus lui-même, lorsqu'il fut
devenu adulte, annonça clairement par ces paroles mystérieuses qu'au cours des
temps les hommes feraient preuve d'hostilité à son égard: « Qui vous écoute
m'écoute. » (Ibid., 10, 16.) Et aussi: « Qui n'est pas avec moi est contre
moi, et qui n'amasse pas avec moi dissipe. » (Ibid., 11, 23.)
6. Les graves problèmes posés au genre humain
depuis près de vingt siècles restent les mêmes. Jésus-Christ reste en effet
toujours au centre de l'histoire et de la vie: les hommes, ou bien sont avec
lui et avec son Eglise, et alors ils jouissent de la lumière, de la bonté, de
l'ordre et de la paix; ou bien vivent sans lui, agissent contre lui ou
demeurent délibérément hors de son Eglise, et alors ils connaissent la
confusion, la dureté dans leurs rapports entre eux et le risque de guerres
sanglantes[11].
7. Les Conciles œcuméniques, chaque fois
qu'ils se réunissent, affirment solennellement cette union avec le Christ et
son Eglise, ils font resplendir à tous les horizons la lumière de la vérité,
ils orientent vers le bon chemin la vie des individus, des familles et des
sociétés, ils suscitent et affermissent les énergies spirituelles et élèvent
sans cesse les âmes vers les biens authentiques et éternels[12].
8. Nous avons devant les yeux les témoignages
de ce magistère extraordinaire de l'Eglise que sont les Conciles œcuméniques
lorsque nous regardons les différentes époques qui se sont succédé au cours des
vingt siècles de l'histoire chrétienne[13].
Leurs documents sont recueillis dans d'imposants et nombreux volumes et ils
constituent un trésor sacré qui est gardé dans les archives de Rome et dans les
bibliothèques les plus célèbres du monde entier.
ORIGINE ET MOBILES DU IIe CONCILE OECUMÉNIQUE DU VATICAN
9. Pour ce qui est de l'origine et des
mobiles de ce grand événement, pour lequel il Nous a plu de vous convoquer ici,
qu'il suffise de réaffirmer l'humble témoignage de Notre expérience
personnelle: la première idée de ce Concile Nous est venue d'une façon tout à
fait imprévue; ensuite, Nous l'avons exprimée avec simplicité devant le
Sacré-Collège des cardinaux réuni en la basilique de Saint-Paul hors les murs
en cet heureux jour du 25 janvier 1959,
fête de la conversion de saint Paul. Les âmes de ceux qui étaient présents
furent aussitôt frappées comme par un éclair de lumière céleste, les yeux et
les visages de tous reflétaient la douce émotion qu'ils ressentaient[14].
Tout de suite, on se mit au travail avec ardeur dans le monde entier et tout le
monde commença à attendre avec ferveur la célébration du Concile.
10. Pendant trois années, on a travaillé à son
active préparation, afin de connaître d'une façon plus ample et approfondie en
quelle estime est tenue la foi en notre époque, de s'enquérir de la pratique
religieuse et de la vitalité du monde chrétien, spécialement du monde
catholique.
11. Ce temps de la préparation du Concile
œcuménique Nous apparaît à juste titre comme un premier signe et un premier don
de la grâce céleste[15].
12. Les lumières de ce Concile seront pour
l'Eglise, Nous l'espérons, une source d'enrichissement spirituel. Après avoir
puisé en lui de nouvelles énergies, elle regardera sans crainte vers l'avenir[16].
En effet, lorsque auront été apportées les corrections[17]
qui s'imposent et grâce à l'instauration d'une sage coopération mutuelle,
l'Eglise fera en sorte que les hommes, les familles, les nations tournent
réellement leurs esprits vers les choses d'en-haut[18].
13. La célébration de ce Concile nous fait
donc un devoir d'exprimer notre reconnaissance envers Celui de qui viennent
tous les biens et de proclamer en un chant joyeux la gloire du Christ
Notre-Seigneur, Roi glorieux et immortel des siècles et des nations[19].
L'OPPORTUNITÉ DE LA CÉLÉBRATION
DU CONCILE
14. Sur ce point, vénérables frères, il est
une autre chose sur laquelle il est bon d'attirer votre attention. Pour que
soit plus complète la sainte joie qui en cette heure solennelle remplit nos
cœurs, qu'il Nous soit permis de dire devant cette grande assemblée que ce
Concile œcuménique s'ouvre dans des circonstances particulièrement favorables[20].
Les
prophètes de malheur
15. Il arrive souvent que dans l'exercice
quotidien de Notre ministère apostolique Nos oreilles soient offensées en
apprenant ce que disent certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent
de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses.
Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et
calamités; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par
rapport aux siècles passés[21];
ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à
leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait
en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de
l'Eglise.
Il Nous semble
nécessaire de dire Notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui
annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.
16. Dans le cours actuel des événements, alors
que la société humaine semble à un tournant[22],
il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui,
à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du
temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse
pour le bien de l'Eglise, même les événements contraires.
La
liberté d'action de l'Eglise.
17. On peut facilement en faire la
constatation, si on considère attentivement les très graves questions et
controverses actuelles d'ordre politique et économique. Elles préoccupent
tellement les hommes qu'elles les empêchent de penser aux choses religieuses
qui ressortent du magistère de l'Eglise. Cette attitude[23]
n'est certainement pas bonne et elle doit être réprouvée. Personne cependant ne
peut nier que les nouvelles conditions de vie ont au moins cet avantage d'avoir
supprimé d'innombrables obstacles par lesquels autrefois les fils du siècle
entravaient la liberté d'action de l'Eglise. Il suffit de jeter un coup
d'œil sur l'histoire de l'Eglise pour voir tout de suite avec évidence que les
Conciles œcuméniques eux-mêmes, dont les vicissitudes sont inscrites en lettres
d'or dans les fastes de l'Eglise, ont souvent connu de graves difficultés et
des motifs de tristesse à cause de l'intrusion du pouvoir civil. Ces
princes séculiers se proposaient certes parfois sincèrement de protéger
l'Eglise; mais la plupart du temps cela ne se faisait pas sans dangers ni
dommages pour le spirituel, car ils étaient bien souvent poussés par des motifs
politiques et trop soucieux de leurs propres intérêts[24].
L'Eglise
du silence.
18. Il est vrai qu'aujourd'hui Nous avouons
éprouver une peine très vive à cause de l'absence parmi vous d'un grand nombre
d'évêques[25] qui
Nous sont très chers et qui, à cause de leur foi dans le Christ, sont en prison
ou bien empêchés d'autre manière. Cela nous incite prier pour eux avec ferveur.
Cependant, c'est avec espérance et un grand réconfort que Nous le constatons:
aujourd'hui l'Eglise, enfin libérée de tous les obstacles profanes
d'autrefois, peut depuis cette basilique vaticane, comme d'un second
Cénacle[26],
faire entendre par vous sa voix pleine de majesté et de gravité.
LA PRINCIPALE TÂCHE DU CONCILE:
DÉFENDRE ET PROMOUVOIR LA DOCTRINE
19. Ce qui est très important pour le Concile
œcuménique, c'est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et
présenté d'une façon plus efficace[27].
Cite
céleste et cité terrestre.
20. Cette doctrine embrasse l'homme tout
entier, dans son corps et dans son âme, et elle nous demande d'être sur terre des pèlerins en route vers
la patrie céleste[28].
21. Nous voyons par là que cette vie mortelle
doit s'orienter de telle façon que, en accomplissant nos devoirs à l'égard de
la cité terrestre et de la cité céleste, nous puissions parvenir à la fin que
Dieu a voulue pour nous. Cela veut dire que tous les hommes, soit
individuellement, soit collectivement, ont le devoir de tendre constamment et
pendant toute leur vie à l'obtention des biens célestes. Et l'usage
qu'ils font des choses de la terre doit être ordonné à cette fin, en veillant à
ce que les biens temporels ne mettent pas en danger leur bonheur éternel[29].
22. Le Christ Notre-Seigneur ne nous a-t-il
pas dit: « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice »? (Matthieu 6,
33.) « D'abord », cela veut dire que nos énergies et nos pensées doivent tendre
avant tout à cela[30].
Cependant, il ne faut pas oublier ce que le Seigneur nous dit ensuite: « Et
tout le reste vous sera donné par surcroît. » (Ibid.) Il y a toujours eu et il
y a encore dans l'Eglise des gens qui, tout en aspirant de toutes leurs forces
à la perfection évangélique, se rendent en même temps utiles à la société. Leur
vie exemplaire et leurs actes de charité sont en effet une grande force et un
important facteur de développement pour ce qu'il y a de plus haut et de plus
noble dans la société humaine.
Le
progrès technique.
23. Puisque cette doctrine embrasse les
multiples domaines de l'activité humaine, individuelle, familiale et sociale, il est nécessaire avant tout que l'Eglise
ne détourne jamais son regard de l'héritage sacré de vérité qu'elle a reçu des
anciens. Mais il faut aussi qu'elle se tourne vers les temps présents, qui
entraînent de nouvelles situations, de nouvelles formes de vie et ouvrent de
nouvelles voies à l'apostolat catholique[31].
24. C'est pour cette raison que l'Eglise n'est
pas restée indifférente devant les admirables inventions du génie humain et les
progrès de la science dont nous profitons aujourd'hui, et qu'elle n'a pas
manqué de les estimer à leur juste valeur. Mais en suivant attentivement ces
développements, elle n'oublie pas d'avertir les hommes que, par delà l'aspect
visible des choses, ils doivent regarder vers Dieu, source de toute sagesse et
de toute beauté[32]. Eux à
qui il a été dit: « Soumettez la terre et dominez-la » (cf. Genèse 1, 28), ne
doivent en effet jamais oublier ce grave commandement: « Tu adoreras le
Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul. » (Matthieu 4, 10; Luc 4,
8.) Ils éviteront ainsi que la fascination passagère des choses matérielles ne
nuise au véritable progrès[33].
COMMENT PROMOUVOIR LA DOCTRINE À
NOTRE ÉPOQUE
25. Ces choses étant dites, vénérables frères,
il est possible de voir avec suffisamment de clarté la tâche qui attend le
Concile sur le plan doctrinal.
26. Le XXIe Concile œcuménique — qui
bénéficiera de l'aide efficace et très appréciable d'experts en matière de
science sacrée, de pastorale et de questions administratives — veut transmettre dans son intégrité, sans
l'affaiblir ni l'altérer, la doctrine catholique qui, malgré les difficultés et
les oppositions, est devenue comme le patrimoine commun des hommes[34].
Certes, ce patrimoine ne plaît pas à tous, mais il est offert à tous les hommes
de bonne volonté comme un riche trésor qui est à leur disposition.
27. Cependant, ce précieux trésor nous ne
devons pas seulement le garder comme si nous n'étions préoccupés que du passé,
mais nous devons nous mettre joyeusement, sans crainte[35], au
travail qu'exige notre époque, en poursuivant la route sur laquelle l'Eglise marche
depuis près de vingt siècles.
28. Nous n'avons pas non plus comme premier
but de discuter de certains chapitres fondamentaux de la doctrine de l'Eglise,
et donc de répéter plus abondamment ce que les Pères et les théologiens anciens
et modernes ont déjà dit. Cette doctrine, Nous le pensons, vous ne l'ignorez
pas et elle est gravée dans vos esprits[36].
Présenter
la doctrine d'une façon qui réponde aux exigences de notre époque.
29. En effet, s'il s'était agi uniquement de
discussions de cette sorte, il n'aurait pas été besoin de réunir un Concile
œcuménique. Ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est l'adhésion de tous, dans
un amour renouvelé, dans la paix et la sérénité, à toute la doctrine chrétienne
dans sa plénitude, transmise avec cette précision de termes et de concepts qui
a fait la gloire particulièrement du Concile de Trente et du premier Concile du
Vatican[37].
Il faut que, répondant au vif désir de tous ceux qui sont sincèrement attachés
à tout ce qui est chrétien, catholique et apostolique, cette doctrine soit plus
largement et hautement connue, que les âmes soient plus profondément imprégnées
d'elle, transformées par elle[38].
Il faut que cette doctrine certaine et
immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de
la façon qui répond aux exigences de notre époque. En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les
vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous
laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens
et la même portée[39]. Il
faudra attacher beaucoup d'importance à cette forme et travailler patiemment,
s'il le faut, à son élaboration; et on devra recourir à une façon de présenter
qui correspond mieux à un enseignement de caractère surtout pastoral[40].
COMMENT RÉPRIMER LES ERREURS
30. Au moment où s'ouvre ce IIe Concile
œcuménique du Vatican, il n'a jamais été aussi manifeste que la vérité du
Seigneur demeure éternellement. En effet, dans la succession des temps, nous
voyons les opinions incertaines des hommes s'exclure les unes le autres, et
bien souvent à peine les erreurs sont-elles nées qu'elles s'évanouissent comme
brume au soleil.
31. L'Eglise n'a jamais cessé de s'opposer à
ces erreurs. Elle les a même souvent condamnées, et très sévèrement[41].
Mais aujourd'hui, l'Epouse du Christ
préfère recourir au remède de la miséricorde, plutôt que de brandir les armes
de la sévérité. Elle estime que, plutôt que de condamner, elle répond mieux aux
besoins de notre époque en mettant davantage en valeur les richesses de sa
doctrine[42].
Certes, il ne manque pas de doctrines et d'opinions fausses, de dangers dont il
faut se mettre en garde et que l'on doit écarter; mais tout cela est si
manifestement opposé aux principes d'honnêteté et porte des fruits si amers,
qu'aujourd'hui les hommes semblent commencer à les condamner d'eux-mêmes. C'est
le cas particulièrement pour ces manières de vivre au mépris de Dieu et de ses
lois, en mettant une confiance exagérée dans le progrès technique, en faisant
consister la prospérité uniquement dans le confort de l'existence. Les hommes
sont de plus en plus convaincus que la dignité et la perfection de la personne
humaine sont des valeurs très importantes qui exigent de rudes efforts. Mais ce
qui est très important, c'est que l'expérience a fini par leur apprendre que la
violence extérieure imposée aux autres, la puissance des armes, la domination
politique ne sont pas capables d'apporter une heureuse solution aux graves
problèmes qui les angoissent[43].
32. L'Eglise catholique, en brandissant par ce
Concile œcuménique le flambeau de la vérité religieuse au milieu de cette
situation, veut être pour tous une mère
très aimante, bonne, patiente, pleine de bonté et de miséricorde pour ses fils
qui sont séparés d'elle[44].
A l'humanité accablée sous le poids de tant de difficultés, elle dit comme
saint Pierre au pauvre qui lui demandait l'aumône: « De l'argent et de l'or, je
n'en ai pas, mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ, le
Nazaréen, marche. » (Actes 3, 6.) Certes, l'Eglise ne propose pas aux hommes de
notre temps des richesses périssables, elle ne leur promet pas non plus le
bonheur sur la terre, mais elle leur communique les biens de la grâce qui
élèvent l'homme à la dignité de fils de Dieu et, par là, sont d'un tel secours
pour rendre leur vie plus humaine en même temps qu'ils sont la solide garantie
d'une telle vie. Elle ouvre les sources de sa doctrine si riche, grâce à
laquelle les hommes, éclairés de la lumière du Christ, peuvent prendre pleinement
conscience de ce qu'ils sont vraiment, de leur dignité et de la fin qu'ils
doivent poursuivre[45].
Et enfin, par ses fils, elle étend partout l'immensité de la charité
chrétienne, qui est le meilleur et le plus efficace moyen d'écarter les
semences de discorde, de susciter la concorde, la juste paix et l'unité
fraternelle de tous[46].
FAIRE GRANDIR L'UNITÉ DE LA
FAMILLE CHRÉTIENNE ET HUMAINE
33. Si
l'Eglise a le souci de promouvoir et de défendre la vérité, c'est parce que,
selon le dessein de Dieu, « qui veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2, 4), sans l'aide de
la vérité révélée tout entière, les hommes ne peuvent parvenir à l'absolue et
ferme unité des âmes à laquelle sont liés toute vraie paix et le salut éternel[47].
34. Mais cette unité visible dans la vérité,
la famille des chrétiens tout entière ne l'a encore malheureusement pas
atteinte pleinement et complètement. Cependant, l'Eglise catholique estime que
son devoir est de faire tous ses efforts pour que s'accomplisse le grand
mystère de cette unité que Jésus-Christ, à l'approche de son sacrifice, a
demandée à son Père dans une ardente prière; et elle éprouve une douce paix à
savoir qu'elle est étroitement unie à ces prières du Christ[48].
Elle se réjouit même sincèrement de voir que ces prières ne cessent de
multiplier leurs fruits abondants et salutaires, même parmi ceux qui vivent
hors de son sein. En effet, à bien considérer cette unité que Jésus-Christ a
implorée pour son Eglise, on voit qu'elle resplendit d'une triple lumière
céleste et bienfaisante : l'unité des catholiques entre eux, qui doit
rester extrêmement ferme et exemplaire[49];
l'unité de prières et de vœux ardents qui traduisent l'aspiration des chrétiens
séparés du Siège apostolique à être réunis avec nous[50];
l'unité enfin d'estime et de respect à l'égard de l'Eglise catholique,
manifestée par ceux qui professent diverses formes de religion encore non
chrétiennes.
35. C'est un sujet de profonde tristesse de
voir que la majeure partie du genre humain — bien que tous les hommes qui
viennent en ce monde soient rachetés par le Sang du Christ — ne participe
encore pas aux sources de grâce qui résident dans l'Eglise catholique. C'est
pourquoi on peut à bon droit appliquer à l'Eglise catholique — dont la lumière
éclaire toutes choses et dont la force surnaturelle d'unité profite à toute la
famille humaine — ces nobles paroles de saint Cyprien: « L'Eglise, baignée de
lumière divine, rayonne dans tout l'univers; et pourtant, c'est une seule et
même lumière qui diffuse partout sa clarté sans rompre l'unité du corps. Ses
rameaux féconds s'étendent sur toute la terre, ses eaux coulent toujours plus
abondamment et plus loin et, cependant, il n'y a qu'une seule tête, une seule
origine, une seule mère si richement féconde. C'est de son sein que nous sommes
nés, de son lait que nous sommes nourris, de son esprit que nous vivons. » (De Catholicae Ecclesiae Unitate, 5.)
36. Vénérables frères, voilà ce que se propose
le IIe Concile œcuménique du Vatican. En unissant les forces majeures de
l'Eglise, et en travaillant à ce que l'annonce du salut soit accueillie plus
favorablement par les hommes, il prépare en quelque sorte et il aplanit la voie
menant à l'unité du genre humain, fondement nécessaire pour faire que la cité
terrestre soit à l'image de la cité céleste « qui a pour roi la vérité, pour
loi la charité et pour mesure l'éternité ». (Saint AUGUSTIN, Ep. CXXXVIII, 3.)
CONCLUSION
37. Vénérables frères dans l'épiscopat, « Nous
vous avons parlé en toute liberté ». (2 Corinthiens 6, 11.) Nous voilà
rassemblés dans cette basilique vaticane, pivot de l'histoire de l'Eglise, et
où maintenant le ciel et la terre sont étroitement unis auprès du tombeau de
saint Pierre et de tant de Nos saints Prédécesseurs, dont les cendres, en cette
heure solennelle, semblent animées d'un mystérieux frémissement d'allégresse[51].
38. Le Concile qui vient de s'ouvrir est comme
une aurore resplendissante qui se lève sur l'Eglise, et déjà les premiers
rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur. Tout ici respire la
sainteté et porte à la joie. Nous voyons des étoiles rehausser de leur éclat la
majesté de ce temple, et ces étoiles, comme l'apôtre Jean nous en donne le
témoignage (Apocalypse 1, 20), c'est vous. Avec vous, Nous voyons briller
autour du tombeau du Prince des apôtres comme des chandeliers d'or, ce sont les
Eglises qui vous sont confiées (ibid.). Nous voyons aussi de hauts dignitaires
qui sont venus à Rome de tous les continents pour représenter leurs pays. Tous,
ils sont ici dans une attitude de respect et d'attente bienveillante.
39. On peut donc dire que le ciel et la terre
s'unissent pour célébrer le Concile: les saints, pour protéger nos travaux; les
fidèles, pour continuer à prier avec ferveur; et vous tous, pour vous mettre à
l'œuvre avec ardeur, en obéissant aux inspirations de l'Esprit-Saint, afin que
vos travaux répondent pleinement aux vœux et aux besoins des divers peuples.
Cela requiert de vous paix et sérénité de cœur, concorde fraternelle,
pondération dans les propositions, dignité dans les discussions, et sagesse dans toutes les
décisions.
40. Fasse Dieu que vos travaux et vos efforts,
vers lesquels convergent non seulement les regards des peuples, mais l'espoir
du monde entier, répondent pleinement à ce que l'on en attend. Dieu
tout-puissant, c'est en vous et non en nos faibles forces que nous mettons
toute notre confiance. Regardez avec bonté ces pasteurs de votre Eglise. Que la
lumière de votre grâce nous assiste dans les décisions à prendre comme dans les
lois à établir; et daignez exaucer les prières que nous vous adressons d'une
même foi, d'une même voix, d'un même cœur.
41. O Marie, secours des chrétiens, secours
des évêques, qui Nous avez donné tout récemment une preuve particulière de
votre amour dans la basilique de Lorette où il Nous a plu de vénérer le mystère
de l'Incarnation, faites que tout s'achemine vers des réalisations heureuses et
prospères. Avec saint Joseph, votre époux, les apôtres saint Pierre et saint
Paul, saint Jean-Baptiste et saint Jean l'évangéliste, intercédez pour nous.
A Jésus-Christ, notre
Rédempteur très aimant, au Roi immortel des peuples et des temps[52],
amour, puissance et gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Extraits
du discours du pape Paul VI pour l'ouverture de la 2e session du Concile
Vatican II
29
septembre 1963
Le Christ
N°12
[...]
C'est le Christ qui est notre principe, c'est le Christ qui est notre voie et
notre guide, c'est le Christ qui est notre espérance et notre fin.
N°13
Puisse
ce Concile avoir pleinement présent à l'esprit ce rapport entre nous et
Jésus-Christ, entre l'Église sainte et vivante que nous sommes et le Christ de
qui nous venons, par qui nous vivons, à qui nous allons. Rapport multiple et
unique, immuable et stimulant, plein de mystère et de clarté, d'exigence et de
bonheur. Que sur cette assemblée ne brille d'autre lumière que le Christ,
lumière du monde. Que nulle vérité ne
retienne notre intérêt, hormis les paroles du Seigneur, notre Maître unique !
Qu'une seule inspiration nous dirige : le désir de lui être absolument fidèles
! N'ayons d'autre appui que la confiance née de sa promesse et qui rassure
notre faiblesse irrémédiable : « Et maintenant, moi, je serai avec vous
toujours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20).
N°15
Il
est extrêmement opportun, à Notre avis, que le Concile parte [...] de cette
célébration mystique, qui acclame en Notre-Seigneur Jésus-Christ le Verbe
incarné, le Fils de l'Homme, le Fils de Dieu et le rédempteur du monde, c'est-à-dire
l'espérance de l'humanité et son seul souverain Maître, Pasteur, Pain de vie,
notre Pontife et notre victime, l'unique médiateur entre Dieu et les hommes,
Sauveur de la terre, Roi à venir des siècles éternels.
L'Église
N°15
[...]
Cette célébration mystique affirme en même temps que nous sommes appelés par le
Christ, que nous sommes ses disciples, ses apôtres, ses témoins, ses ministres,
ses représentants et, avec tous les autres fidèles, ses membres vivants, unis
dans cet immense et unique Corps mystique que, par le moyen de la foi et des
sacrements, il se constitue au cours des générations humaines, et qui est son Église spirituelle et visible,
fraternelle et hiérarchique, aujourd'hui temporelle et demain éternelle.
N°17
[...]
Nous nous souvenons tous de ces images admirables dont use la sainte Écriture
pour nous donner une idée de la nature de l'Église qui est appelée, suivant les
cas, l'édifice construit par le Christ, la maison de Dieu, le temple et le
tabernacle de Dieu, son peuple, son troupeau, sa vigne, son champ, sa cité, et,
finalement, l'Épouse du Christ, son Corps mystique. En méditant sur la richesse
de ces images lumineuses, l'Église a été conduite à se reconnaître comme une
société historique, visible et hiérarchique, et en même temps intérieurement
animée d'une force mystérieuse.
N°26
[...]
Il faudra traiter aussi de la composition du corps visible et mystique du
Christ qu'est l'Église militante en pèlerinage sur la terre, c'est-à-dire, des
prêtres, des religieux, des fidèles ainsi que des frères qui sont séparés de
nous et sont appelés, eux aussi, à faire pleinement partie de ce Corps.
L'Homme
N°52
[...]
Enflammés par les paroles du Pape Jean XXIII dans son discours d'ouverture,
vous avez immédiatement éprouvé le besoin d'ouvrir en quelque sorte les portes
de l'Assemblée pour lancer au monde un vibrant message de salutation, de
fraternité et d'espérance. Geste insolite mais admirable. On dirait que le charisme prophétique de l'Église a subitement explosé
! Et comme Pierre qui, le jour de la Pentecôte, se sentit poussé à élever tout
de suite la voix et à parler au peuple, vous avez voulu tout d'abord vous
occuper non pas de vos affaires mais de celles de la famille humaine, et
engager le dialogue non pas entre vous mais avec les hommes.
N°53
Cela signifie,
vénérables Frères, que ce Concile se caractérise par l'amour, l'amour très
large et pressant, l'amour qui pense aux autres avant de penser à soi, l'amour
universel du Christ.
N°57
[...]
Pour le moment, l'amour emplit Notre âme et l'âme de l'Église rassemblée en
Concile. Nous regardons notre temps et ses manifestations diverses et
contradictoires avec une très grande sympathie et un immense désir de présenter
aux hommes d'aujourd'hui le message d'amour, de salut et d'espoir que le Christ
a apporté au monde : « Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour
condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17).
N°58
Que le monde le
sache : l'Église le regarde avec une profonde compréhension, avec une
admiration vraie, sincèrement disposée non à le subjuguer, mais à le servir ;
non à le déprécier, mais à accroître sa dignité ; non à le condamner, mais à le
soutenir et à le sauver[53].
Extrait
de l’encyclique Ecclesiam suam
« Il
est clair que les rapports entre l’Eglise et le monde peuvent prendre de
multiples aspects, différents les uns des autres. Théoriquement parlant,
l’Eglise pourrait se proposer de réduire ces rapports au minimum, en cherchant
à se retrancher du commerce avec la société profane[54] ;
comme elle pourrait se proposer de relever les maux qui peuvent s’y rencontrer,
prononcer contre eux des anathèmes et susciter contre eux des croisades[55] ;
elle pourrait au contraire se rapprocher de la société profane au point de
chercher à prendre sur elle une influence prépondérante, ou même à y exercer un
pouvoir théocratique[56], et ainsi
de suite. Il nous semble au contraire que le
rapport de l’Eglise avec le monde, sans se fermer à d’autres formes
légitimes, peut mieux s’exprimer sous la
forme d’un dialogue, et d’un dialogue non pas toujours le même, mais adapté au
caractère de l’interlocuteur et aux circonstances de fait (autre est en
effet le dialogue avec un enfant et autre avec un adulte ; autre avec un
croyant et autre avec un non croyant). Ceci est suggéré par l’habitude désormais
répandue de concevoir ainsi les relations entre le sacré et le profane, par le
dynamisme qui transforme la société moderne, par le pluralisme de ses
manifestations, ainsi que par la maturité de l’homme, religieux ou non, rendu
apte par l’éducation et la culture à penser, à parler, à soutenir dignement un
dialogue.
Cette
forme de rapport indique une volonté de
courtoisie, d’estime, de sympathie, de bonté de la part de celui qui
l’entreprend ; elle exclut la
condamnation a priori, la polémique offensante et tournée en habitude,
l’inutilité de vaines conversations. Si elle ne vise pas à obtenir
immédiatement la conversion de l’interlocuteur parce qu’elle respecte sa
dignité et sa liberté[57], elle
vise cependant à procurer son avantage et voudrait le disposer à une communion
plus pleine de sentiments et de convictions.
Par
conséquent le dialogue suppose un état d’esprit, en nous qui avons l’intention
de l’introduire et de l’alimenter avec tous ceux qui nous entourent :
l’état d’esprit de celui qui sent au-dedans de lui le poids du mandat
apostolique, de celui qui sait ne plus pouvoir séparer son salut de la
recherche de celui des autres, de celui qui s’emploie continuellement à mettre ce message dont il est dépositaire
en circulation dans les échanges des hommes entre eux. »
Les
16 documents du Concile
Constitution
dogmatique sur l’Eglise
Lumen
Gentium
|
21 novembre 1964
|
Constitution
dogmatique sur la révélation divine Dei
Verbum
|
18 novembre 1965
|
Constitution sur la
sainte liturgie
Sacrosanctum
Concilium
|
4 décembre 1963
|
Constitution
pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et Spes
|
7 décembre 1965
|
Décret sur la charge pastorale des évêques dans
l’Eglise Christus Dominus
|
28 octobre 1965
|
Décret sur le ministère et la vie des prêtres
Presbyterorum
Ordinis
|
7 décembre 1965
|
Décret sur la formation des prêtres
Optatam
Totius
|
28 octobre 1965
|
Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie
religieuse Perfectae Caritatis
|
28 octobre 1965
|
Décret sur l’apostolat des laïcs
Apostolicam
Actuositatem
|
18 novembre 1965
|
Décret sur l’activité missionnaire de l’Eglise
Ad
Gentes
|
7 décembre 1965
|
Décret sur l’œcuménisme
Unitatis
Redintegratio
|
21 novembre 1964
|
Décret sur les Eglises orientales catholiques
Orientalium
Ecclesiarum
|
21 novembre 1964
|
Décret sur les moyens de communication sociale Inter mirifica
|
4 décembre 1963
|
Déclaration sur la liberté religieuse
Dignitatis
Humanae
|
7 décembre 1965
|
Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les
religions non chrétiennes Nostra Aetate
|
28 octobre 1965
|
Déclaration sur l’éducation chrétienne
Gravissimum
Educationis
|
28 octobre 1965
|
[1] Jean-Robert Armogathe
(sous la direction de), Histoire générale
du christianisme, volume 2 ; PUF, 2010 ; p.1085.
[2]
Jean Guitton, Dialogues avec Paul VI,
Fayard, 1967, p.258.259.260.261.262.
[3] Les documents du Concile
ne peuvent se comprendre sans se référer au renouveau des études bibliques et
patristiques. Jean-Robert Armogathe (sous la direction de), Histoire générale du christianisme,
volume 2 ; PUF, 2010 ; p.1080.
[4]
Jean Guitton, Dialogues avec Paul VI,
Fayard, 1967, p.267.273.274.275.276.
[5]http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/motu_proprio/documents/hf_ben-xvi_motu-proprio_20111011_porta-fidei_fr.html
[6] C’est par la constitution
apostolique Fidei depositum que le
pape Jean-Paul II a présenté à l’Eglise ce catéchisme le 11 octobre 1992 pour
le trentième anniversaire de l’ouverture du Concile.
[7]
Déclaré Bienheureux le 3 septembre 2000, pape de 1958 à 1963.
[8] Le premier Concile du
Vatican (1869-1870 ; Bienheureux
Pie IX) avait été interrompu dans ses travaux à cause de la guerre de 1870. On
doit à ce concile des textes sur la révélation divine et le rapport entre la
foi et la raison. Vatican I proclama aussi le dogme de l’infaillibilité
pontificale ce qui provoqua le schisme des vieux catholiques.
[9] Voilà un concept qui fut
beaucoup utilisé par le magistère du XIXe siècle dans sa lutte contre le
modernisme et l’exégèse historico-critique. La meilleure illustration en est le
Syllabus du Bienheureux Pie IX (8
décembre 1864) qui est un catalogue de condamnations de 80 erreurs modernes. Le
Syllabus est une référence
essentielle pour le mouvement catholique intégriste initié par Mgr. Marcel
Lefebvre (1905-1991) qui était l’un des pères conciliaires et qui est devenu
par la suite l’un des plus farouches opposants aux enseignements du Concile
Vatican II.
[10] Jean XXIII est à la
charnière entre deux conceptions de l’Eglise, cela apparaît bien dans son
discours d’ouverture. Ici il se situe encore dans la vision triomphaliste de
l’Eglise héritée de la Contre Réforme et du magistère pontifical du 19e
siècle.
[11] L’accent manichéen de ce
paragraphe (« ou bien » / « ou bien ») présente un certain
contraste avec la conception que l’Eglise se fera, au cours du Concile et
ensuite, des relations qu’elle entretient avec le monde profane et séculier tel
qu’il se présentait en cette dernière moitié du 20e siècle. Cf. La
manière avec laquelle la constitution pastorale Gaudium et Spes abordera la question de l’athéisme (n°19-21) :
Au n°19, par.3 le Concile affirme la part de responsabilité des croyants
eux-mêmes dans la genèse de l’athéisme. Le remède à l’athéisme se trouve dans
« une présentation adéquate de la doctrine » et dans « la pureté
de vie de l’Eglise et de ses membres ». Est essentiel « le témoignage
d’une foi vivante et adulte, c’est-à-dire d’une foi formée à reconnaître
lucidement les difficultés et capable de les surmonter » (n° 21, par. 5).
[12] Pour la première fois
apparaît cette idée maîtresse du pape selon laquelle le but premier de l’Eglise
est d’orienter l’humanité vers la transcendance de Dieu. Cf. par.12.
« L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette
vocation de l’homme à communier avec Dieu » (Gaudium et Spes, 19.1).
[13]
Il est clair que le pape situe le travail du Concile qui s’ouvre dans la
continuité de toute la Tradition de l’Eglise depuis ses origines.
[14]
Relevons les accents lyriques de ce partage d’expérience.
[15] Le Concile Vatican II a
été probablement le Concile le mieux préparé de toute l’histoire de l’Eglise
car il n’a pas été convoqué dans l’urgence pour répondre à une hérésie ou à un
schisme.
[16] « Sans
crainte » : L’Eglise catholique a vécu dans la peur des hérésies et
des idées modernes depuis l’époque de la Renaissance et de la Réforme, époque
qui a coïncidé pour elle avec une perte progressive de pouvoir et d’influence
qui, après le traumatisme de la révolution française, atteindra son sommet avec
la fin des Etats Pontificaux en 1870. Mais il faudra attendre le pontificat de Paul
VI pour que le pape renonce à porter la tiare. L'usage de la tiare dans les
cérémonies solennelles a été abandonné au cours du pontificat de Paul VI. Ce
Pape avait reçu une tiare précieuse de son diocèse (Milan) et l'a plus tard
offerte aux pauvres (rachetée par l'Archidiocèse de New-York) le 13 novembre
1964, devant tous les évêques, en plein concile Vatican II.
[17] « Les
corrections » impliquent de la part du Concile qui s’ouvre un travail de
réforme de l’Eglise similaire à ce que le Concile de Trente dût mettre en œuvre
au 16e siècle. Ce sera l’un
des thèmes majeurs de l’encyclique Ecclesiam
suam de Paul VI en 1964 (la deuxième partie de l’encyclique est consacrée
au « renouvellement » de l’Eglise.
[18]
Cf. « Les biens authentiques et éternels » (par. 7).
[19] Reprise de la doctrine du
Christ Roi exposée par Pie XI dans l’encyclique Quas Primas (11/12/1925).
[20]
Première note d’optimisme.
[21] Cet état d’esprit n’est
pas une nouveauté, c’est une constante de notre humanité que d’idéaliser le
passé et de déprécier le présent. Saint Augustin mettait déjà en garde les
fidèles par rapport à cette tentation facile. Cf. Son sermon Sur les épreuves de ce temps :
« On rencontre pourtant des gens qui récriminent sur leur époque et pour
qui celle de nos parents était le bon temps! Si l'on pouvait les ramener à
l'époque de leurs parents, est-ce qu'ils ne récrimineraient pas aussi? Le
passé, dont tu crois que c'était le bon temps, n'est bon que parce que ce n'est
pas le tien. […] Quelles époques terribles! Est-ce que nous n'avons pas tous
été remplis d'horreur par les récits que nous en avons entendus ou lus? C'était
pour que nous ayons de quoi nous féliciter, plutôt que de récriminer contre
notre époque. »
http://paroissefachesthumesnil.over-blog.com/article-35062886.html
[22] Le pape a bien
conscience, malgré ce qu’il affirme plus haut au paragraphe 6 , que l’humanité
entre dans une période de transition et de bouleversements, d’où l’opportunité
d’un Concile. On a souvent attribué la crise de l’Eglise dans les années 68-75
au Concile alors que cette crise n’était que la conséquence dans l’Eglise d’une
crise encore plus profonde qui remettait en cause tous les fondements
traditionnels de la société et en particulier la notion d’autorité et
d’enseignement. Si l’Eglise avait été une secte, elle aurait probablement été à
l’abri de ces bouleversements. C’est en plein cœur de ces bouleversements de
société que le pape Paul VI a tenu à réaffirmer de manière solennelle
l’essentiel de l’enseignement de l’Eglise dans sa Profession de foi catholique (30/06/1968). Ce texte marquait la
clôture de l’année de la foi (célébration du 19e centenaire du
martyre des saints apôtres Pierre et Paul). C’est en s’inspirant de son
prédécesseur que Benoît XVI a lui aussi annoncé une « année de la
foi » qui commencera le 11 octobre 2012 (pour le 50e
anniversaire de l’ouverture du Concile) et qui s’achèvera le 24 novembre 2013.
[23]
L’oubli de la transcendance dans des sociétés laïques et sécularisées.
[24] Le pape n’idéalise pas la
forme historique du christianisme connue sous le nom de
« chrétienté ». Au contraire il n’hésite pas à en montrer les
inconvénients particulièrement à l’occasion des conciles. Les premiers conciles
de l’Eglise ont en effet été convoqués par les empereurs romains et ce jusqu’au
VIIe siècle. C’est donc Constantin qui convoque le premier Concile œcuménique
de Nicée en 325 pour lutter contre l’hérésie arienne qui menaçait l’unité de
son empire. Le pape Sylvestre 1er n’était même pas présent au
Concile ! Cf. aussi Christus Dominus
19 (liberté des évêques) et 20
(liberté dans la nomination des évêques).
[25] Malgré cette absence des
pasteurs de l’Eglise du silence le concile Vatican II est certainement celui
qui, dans l’histoire de l’Eglise, correspond le mieux au qualificatif
d’œcuménique, c’est-à-dire universel, avec la présence de 2540 Pères
conciliaires. Et cela en grande partie grâce aux progrès des moyens de
transport et de communication.
[26] Le pape voit dans
l’événement du Concile comme une nouvelle Pentecôte pour l’Eglise.
[27] Cette formule est essentielle
pour comprendre l’esprit du Concile : fidélité à la Tradition et souci de
la présenter d’une manière nouvelle qui parle aux hommes de ce temps.
[28]
A nouveau rappel de la transcendance.
[29] Ce paragraphe est tout
empreint du vocabulaire de saint Ignace de Loyola (le rapport entre la fin
surnaturelle de l’homme et les moyens terrestres) : cf. « Le Principe
et Fondement » des Exercices
spirituels (n°23). Paul VI affirmera dans Ecclesiam Suam : « L’homme moderne saura encore découvrir
dans la conception religieuse que le catholicisme lui offre sa propre vocation
à une civilisation qui ne meurt pas, mais qui avance sans cesse vers la
perfection naturelle et surnaturelle de l’esprit humain, que la grâce de Dieu
rend capable de la possession honnête et pacifique des biens temporels tout en
l’ouvrant à l’espérance des biens éternels ».
[30]
Nouvelle insistance sur la vocation surnaturelle de l’homme.
[31]
C’est ce qui est au centre de la tache du Concile : l’aggiornamento.
[32]
Le pape invite à nouveau les hommes à s’orienter vers Dieu, à ne pas l’oublier.
[33] Ce qui implique qu’il n’y
a pas de véritable progrès sans progrès spirituel. Le progrès technique et
scientifique est insuffisant à lui seul en vue de l’accomplissement de la
vocation de l’homme sur cette terre et dans l’au-delà. Un long passage de la
constitution pastorale Gaudium et Spes
sera consacré à « l’activité humaine dans l’univers » (n°33-39) et au
rapport entre progrès terrestre et règne du Christ : « L’attente de
la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre,
doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y
grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il
faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du
Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le royaume de Dieu,
dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société
humaine » (n°39, par.2).
[34] Fidélité à l’enseignement
de l’Eglise, continuité avec la Tradition précédente. « Le pape Roncalli
était en réalité un pape de la tradition, du sentiment profond du long chemin
parcouru par l’Eglise. Mais il savait que la tradition ne se limite pas à ces
quelques siècles ou à ces quelques problèmes auxquels les traditionnalistes la
voudraient réduire » (Jean-Robert Armogathe (sous la direction de), Histoire générale du christianisme,
volume 2 ; PUF, 2010 ; p.1079).
[35]
Le pape réutilise cette expression pour qualifier la marche de l’Eglise dans le
monde actuel.
[36] Le but premier du Concile
n’est donc pas doctrinal. Il n’a pas été convoqué pour répondre à des hérésies
ou pour prendre position dans des débats théologiques. Pour le pape la doctrine
est acquise.
[37]
Vatican II se situe dans la suite des conciles de Trente et de Vatican I.
[38] Le but de la doctrine
n’est pas d’ordre théorique mais spirituel : c’est la conversion des âmes
qui est la finalité du dogme.
[39] Passage cité dans Gaudium et Spes 62,2.
[40] Ce passage du discours
d’ouverture est sans aucun doute le plus important pour assimiler l’esprit du
Concile et son but pastoral. La distinction que le pape établit entre le
contenu du dogme et la présentation qui en est faite (la forme sous laquelle
l’Eglise propose son enseignement aux hommes de ce temps) est au cœur des débats
conciliaires et des textes qui en ont été issus. L’effort du Concile sera
pastoral et donc pédagogique.
[41]
Allusion en particulier au magistère du XIXe siècle et au Syllabus.
[42] Passage très
significatif : le pape invite l’Eglise à abandonner les condamnations des
erreurs pour présenter d’une manière sereine le contenu de la foi au monde tel
qu’il est. Proposer, enseigner au lieu de condamner, telle est l’optique
positive dans laquelle Jean XXIII veut entraîner les Pères du Concile. Cf. Plus
loin ce que Paul VI affirme à ce sujet dans son encyclique Ecclesiam suam. Dans la troisième partie de cette encyclique le
pape caractérisera le christianisme comme une religion du dialogue entre Dieu
et l’homme et par conséquent c’est cette même attitude que l’Eglise doit
adopter dans ses relations avec le monde en vue d’accomplir sa mission. C’est
aussi avec le pape Paul VI que l’Eglise renonce à la censure des livres
interdits (mis à l’Index). Sous son pontificat
la Sacrée congrégation du Saint-Office prend le nom de Congrégation pour
la doctrine de la foi suite au Motu proprio Integrae
servandae du 7 décembre 1965. Par la même occasion, le pape supprime aussi
la Sacrée congrégation de l'index.
[43] Vision très optimiste de
la part du pape. 50 ans après il semble bien que l’espérance de Jean XXIII
n’ait pas reçu un écho favorable dans l’évolution de notre humanité !
[44] L’Eglise est une mère
pour tous les hommes et comme telle elle se caractérise d’abord par son amour
pour tous. Le 15 mai 1961 Jean XXIII donnait à l’Eglise un enseignement de
doctrine sociale avec l’encyclique Mater
et Magistra.
[45]
A nouveau l’idée de « fin ».
[46]
Primat du témoignage de la charité chrétienne.
[47]
Rappel de notre vocation surnaturelle.
[48] Annonce d’un grand thème
conciliaire, celui de l’œcuménisme (la recherche de l’unité des chrétiens) qui
aboutira au décret Unitatis Redintegratio
(21/11/1964).
[49] Malheureusement ce désir
du pape n’a pas été exaucé dans les années postconciliaires. Et c’est son
successeur, Paul VI, qui a dû porter le fardeau des déchirements internes à
l’Eglise catholique entre ceux qui trouvaient que le Concile n’avait pas été
assez novateur (l’aile progressiste) et ceux qui, au contraire, lui
reprochaient une trop grande ouverture au monde contemporain et un abandon de
la Tradition catholique au profit des erreurs modernes (l’aile intégriste). Dès
1964 Paul VI rappellera aux catholiques dans Ecclesiam Suam la valeur de l’exercice de la vertu d’obéissance et
l’autorité du magistère de l’Eglise. Il dénoncera par ailleurs « l’esprit
d’indépendance, de critique, de rébellion » qui s’accorde mal « avec
la charité qui inspire la solidarité, la concorde et la paix dans
l’Eglise ; il transforme facilement le dialogue en contestation, en
dispute, en dissension ». En témoigne aussi l’exhortation apostolique du
8/12/1974 : La réconciliation à
l’intérieur de l’Eglise.
[50] Relevons le contraste
entre l’idée que Jean XXIII se fait de l’œcuménisme comme retour des chrétiens
séparés dans le sein de l’Eglise catholique et l’œcuménisme tel qu’il sera présenté
par le décret du Concile et vécu ensuite.
[51]
Lyrisme du langage et dans tout le par.38.
[52]
A nouveau allusion au Christ Roi.
Jean XXII / Paul VI, Discours au
Concile - Centurion, Documents conciliaires, tome 6, 1966
[54]
C’est la tentation sectaire.
[55]
C’est la condamnation systématique, et justement le refus d’entrer en dialogue.
[56]
C’est la confusion entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel :
l’alliance du sabre et du goupillon.
[57]
Le dialogue du salut s’oppose au prosélytisme.
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