Chapitre
III
Constitution
sur la sainte liturgie
Sacrosanctum
Concilium
4
décembre 1963
→ Cette constitution
est le premier texte voté au cours de
la première session du concile (14/11/1962) et la première constitution
promulguée (4/12/1963 ; 400 ans avant, le 4/12/1563, le concile de Trente
confiait au Siège Apostolique le soin d’effectuer la réforme liturgique qui
conduira au missel et au bréviaire dits de saint Pie V). Pie XII avait déjà
commencé la réforme liturgique en rétablissant la célébration de la veillée
pascale dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques (1951) alors qu’elle était
célébrée le matin du samedi saint ! Il avait aussi restauré l’Ordo de la
semaine sainte. Le fait que la constitution sur la liturgie soit le premier
texte du Concile à avoir été promulgué témoigne de l’importance et de l’urgence
de la réforme liturgique pour les pères conciliaires. Cette réforme reprend en
fait la plupart des aspirations majeures qui avaient vu le jour dans l’Eglise
catholique après le concile de Trente[1].
→ Cette constitution a
été l’objet dans les années qui ont suivi le concile (application de la réforme
liturgique avec dans certains cas des abus manifestes, particulièrement en
France) de vifs débats (mouvement traditionnaliste créé par Mgr. Marcel
Lefebvre (1905-1991), père conciliaire qui a voté en faveur de la constitution
sur la liturgie) : « En réalité, les querelles sur la liturgie ont
été la face visible du refus de l’ensemble du concile, en particulier des
documents sur l’œcuménisme, sur l’attitude envers les religions non-chrétiennes,
sur la liberté religieuse, sur la conception de l’Eglise et sa relation au
monde[2] ».
L’intégrisme catholique, d’origine française[3]
et qui reste un mouvement essentiellement français (nette prédominance des
prêtres français sur les 551 que compte la Fraternité Saint Pie X[4]),
n’est donc pas d’abord un schisme liturgique. L’intégrisme ne peut se
comprendre sans faire référence au confessionnalisme (le « tout
catholique » à commencer par l’Etat), ce confessionnalisme renvoyant au
rêve de restaurer la situation de chrétienté. Le pape Paul VI qui a tant
souffert des déviations vécues au nom du Concile avait prévu qu’il faudrait
beaucoup de temps à l’Eglise pour qu’elle puisse récolter les fruits
authentiques de Vatican II : « L’histoire nous rappelle que les temps
qui suivent les Conciles sont un temps d’inertie et de troubles. Il faut que se
lèvent des apôtres, des prophètes pour incarner l’esprit du Concile[5]. »
→ C’est le 3 avril 1969
que le pape Paul VI signe la constitution apostolique Missale Romanum promulguant « le missel romain restauré par
décret du 2e concile œcuménique du Vatican » pour le rite
latin. L’édition francophone du Missel romain utilisée actuellement a été
approuvée le 19 mars 1978. C’est Mgr. Annibale Bugnini (1912-1982) qui sera
l’artisan principal de l’application de la réforme liturgique initiée par Sacrosanctum Concilium. En 1964 il est
nommé secrétaire de la Commission pour la liturgie. A noter que Pie XII lui
avait déjà confié une responsabilité similaire (de 1948 à 1960 il a été
secrétaire de la Commission pour la réforme liturgique, en charge de
l’application de l’encyclique Mediator
Dei).
→ A l’ occasion du 25e
anniversaire de Sacrosanctum Concilium
le pape Jean-Paul II a écrit une lettre apostolique datée du 4 décembre 1988.
Préambule
(1-4)
1. « Puisque le
saint Concile se propose de faire
progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux nécessités de notre
époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à
l’union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein
de l’Église, il estime qu’il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au
progrès de la liturgie. » Dès le préambule la réforme liturgique
est présentée dans sa signification spirituelle, œcuménique et évangélisatrice.
2. La liturgie dans le mystère de l’Église
« En effet, la
liturgie, par laquelle, surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, «
s’exerce l’œuvre de notre rédemption», contribue au plus haut point à ce que
les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du
Christ et la nature authentique de la véritable Église. Car il appartient en
propre à celle-ci d’être à la fois humaine et divine, visible et riche de
réalités invisibles, fervente dans l’action et adonnée à la contemplation,
présente dans le monde et cependant en chemin. Mais de telle sorte qu’en elle
ce qui est humain est ordonné et soumis au divin ; ce qui est visible à
l’invisible ; ce qui relève de l’action à la contemplation ; et ce qui est présent
à la cité future que nous recherchons. Aussi, puisque la liturgie édifie chaque
jour ceux qui sont au-dedans pour en
faire un temple saint dans le Seigneur, une habitation de Dieu dans l’Esprit ,
jusqu’à la taille qui convient à la plénitude du Christ , c’est d’une façon
admirable qu’elle fortifie leurs énergies pour leur faire proclamer le Christ,
et ainsi elle montre l’Église à ceux qui
sont dehors comme un signal levé sur les nations , sous lequel les enfants
de Dieu dispersés se rassemblent dans l’unité jusqu’à ce qu’il y ait un seul
bercail et un seul pasteur. » A nouveau le texte insiste sur le caractère
missionnaire de toute célébration liturgique dans l’Eglise. Une vraie
spiritualité catholique porte les fidèles à témoigner de leur attachement au
Christ Seigneur dans le monde.
→ Lumen Gentium 8.
Chapitre
I : Principes généraux pour la restauration et le progrès de la liturgie
(5-46)
I.
Nature de la liturgie et son importance dans la vie de l’Eglise (5-13)
L’œuvre
du salut accomplie par le Christ (5) : « Cette œuvre de la rédemption des hommes et
de la parfaite glorification de Dieu, à laquelle avaient préludé les hauts
faits de Dieu dans le peuple de l’Ancien Testament, le Christ Seigneur l’a
accomplie, principalement par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de
sa résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension ; mystère
pascal par lequel « en mourant il a détruit notre mort, et en ressuscitant il a
restauré la vie». Car c’est du côté du Christ endormi sur la croix qu’est né « l’admirable
sacrement de l’Église tout entière».
Définition de la
liturgie
La
liturgie est définie par le concile comme l’œuvre par
laquelle Dieu est glorifié et les hommes sanctifiés. « Tu n’as pas
besoin de notre louange, et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre
grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous
rapprochent de toi par le Christ, notre Seigneur » (4e
préface commune).
« Cette grande œuvre par laquelle Dieu est
parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés » (7).
« C’est donc de
la liturgie, et principalement de l’Eucharistie, comme d’une source, que la
grâce découle en nous et qu’on obtient avec le maximum d’efficacité cette
sanctification des hommes, et cette glorification de Dieu dans le Christ, que
recherchent, comme leur fin, toutes les autres œuvres de l’Église »
(10).
« Il n’est à peu
près aucun usage honorable des choses matérielles qui ne puisse être orienté
vers cette fin : la sanctification de l’homme et la louange de Dieu »
(61).
|
L’œuvre
du salut continuée par l’Eglise se réalise dans la liturgie (6) :
« C’est pourquoi, de même que le Christ a été envoyé par le Père, ainsi
lui-même envoya ses Apôtres, remplis de l’Esprit Saint, non seulement pour que,
proclamant l’Évangile à toute créature, ils annoncent que le Fils de Dieu, par
sa mort et sa résurrection, nous a délivrés du pouvoir de Satan ainsi que de la
mort, et nous a transférés dans le Royaume du Père, mais aussi afin qu’ils
exercent cette œuvre de salut qu’ils annonçaient, par le sacrifice et les
sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique. »
Présence
du Christ dans la liturgie (7) : « Pour
l’accomplissement d’une si grande œuvre, le
Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions
liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la messe, et dans la
personne du ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des
prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix » et, au plus haut degré,
sous les espèces eucharistiques. Il est présent, par sa puissance, dans les
sacrements au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ lui-même qui
baptise. Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on
lit dans l’Église les Saintes Écritures. Enfin il est là présent lorsque
l’Église prie et chante les psaumes, lui qui a promis : « Là où deux ou trois
sont rassemblés en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20).
Effectivement, pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle Dieu
est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Église, son Epouse bien-aimée, qui
l’invoque comme son Seigneur et qui, par la médiation de celui-ci, rend son
culte au Père éternel. C’est donc à juste titre que la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale
de Jésus Christ, exercice dans lequel la sanctification de l’homme est
signifiée par des signes sensibles et réalisée d’une manière propre à chacun
d’eux, et dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique
de Jésus Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres. Par conséquent,
toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps
qui est l’Église,
est l’action sacrée par excellence dont
nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et
au même degré. »
Liturgie
terrestre et liturgie céleste (8) : Cf. Lumen Gentium 50.
La
liturgie n’est pas l’unique activité de l’Eglise (9) :
d’où la nécessité de l’évangélisation des non-croyants et des croyants. La
charge d’enseignement (annonce de la Parole de Dieu) et d’évangélisation est la
première mission des évêques (Christus
Dominus 12) et des prêtres (Presbyterorum
Ordinis 4).
La
liturgie, sommet et source de la vie de l’Eglise (10) :
« La liturgie est le sommet vers
lequel tend l’action de l’Église, et en même temps la source d’où découle toute
sa vertu. Car les labeurs apostoliques visent à ce que tous, devenus
enfants de Dieu par la foi et le baptême, se rassemblent, louent Dieu au milieu
de l’Église, participent au sacrifice et mangent la Cène du Seigneur. »
Nous avons vu que la liturgie devait conduite à l’apostolat. L’apostolat, par
l’annonce de la Parole de Dieu, doit conduire les hommes qui accueillent cette
Parole par la foi à la célébration de l’eucharistie.
Nécessité
des dispositions personnelles (11) : Nous avons ici la première
mention de la notion capitale de participation des fidèles à la liturgie.
« C’est pourquoi les pasteurs doivent être attentifs à ce que dans
l’action liturgique, non seulement on observe les lois d’une célébration valide
et licite, mais aussi à ce que les fidèles participent à celle-ci de façon consciente, active et fructueuse. »
La participation
active des fidèles[6]
L’un des buts majeurs
de la réforme liturgique initiée par le concile est bien la participation
active des fidèles à la liturgie (12 citations). Cette notion n’est pas une
invention de Vatican II. En 1903 le pape saint Pie X souhaitait déjà
« que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine,
consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la
nature de la liturgie elle-même » (Motu proprio Tra le sollecitudini). Pie XII reprendra à son compte cette idée
de participation active comme participation intérieure au mystère qui se
célèbre sur l’autel.
« La Mère Église
désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations
liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui,
en vertu de son baptême, est un droit
et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal,
nation sainte, peuple racheté » (1 P 2, 9 ; cf. 2, 4-5). Cette participation pleine et active de
tout le peuple est ce qu’on doit viser de toutes ses forces dans la
restauration et la mise en valeur de la liturgie. Elle est, en effet, la
source première et indispensable à laquelle les fidèles doivent puiser un
esprit vraiment chrétien ; et c’est pourquoi elle doit être recherchée avec
ardeur par les pasteurs d’âmes, dans toute l’action pastorale, avec la
pédagogie nécessaire. » (14)
« Les pasteurs
d’âmes poursuivront avec zèle et patience la formation liturgique et aussi la participation active des fidèles,
intérieure et extérieure, proportionnée à leur âge, leur condition, leur
genre de vie et leur degré de culture religieuse ; ils acquitteront ainsi une
des principales fonctions du fidèle dispensateur des mystères de Dieu ; et en cette matière, ils ne conduiront pas
leur troupeau par la parole seulement, mais aussi par l’exemple. » (19)
« Cette
restauration doit consister à organiser les textes et les rites de telle
façon qu’ils expriment avec plus de
clarté[7]
les réalités saintes qu’ils signifient, et que le peuple chrétien, autant
qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire. »
(21)
« Pour
promouvoir la participation active,
on favorisera les acclamations du peuple, les réponses, le chant des psaumes,
les antiennes, les cantiques et aussi les actions ou gestes et les attitudes
corporelles. On observera aussi en son temps un silence sacré[8]. »
(30)
Le n°23 de la Présentation générale du Missel romain
indique quels sont les moments de la célébration eucharistique où le silence sacré est
recommandé : « Un silence sacré, qui fait partie de la célébration,
doit aussi être observé en son temps. Sa nature dépend du moment où il trouve
place dans chaque célébration. Car, dans la préparation pénitentielle et
après l’invitation à prier, chacun se recueille ; après une lecture ou
l’homélie, on médite brièvement ce qu’on a entendu ; après la communion,
le silence permet la louange et la prière intérieure ».
« Aussi l’Église
se soucie-t-elle d’obtenir que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la
foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien
dans ses rites et ses prières, ils
participent de façon consciente, pieuse et active à l’action sacrée,
soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du
Seigneur, rendent grâces à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non
seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils
apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés, par la
médiation du Christ, dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement,
Dieu soit tout en tous. » (48)
« Les
sacramentaux seront révisés, en tenant pour règle primordiale la participation des fidèles consciente,
active et facile, et en étant attentif aux nécessités de notre
époque. » (79)
|
Liturgie
et pieux exercices (12.13) : C’est aussi la question
pastorale de la dévotion populaire et de son rapport avec la liturgie
officielle de l’Eglise. « La vie spirituelle n’est pas enfermée dans la
participation à la seule liturgie…Les exercices en question (de piété) doivent
être réglés en tenant compte des temps liturgiques et de façon à s’harmoniser
avec la liturgie, à en découler d’une certaine manière, et à y introduire le
peuple parce que, de sa nature, elle
leur est de loin supérieure. »
II.
Recherche de la formation liturgique et de la participation active (14-20)
→ Tableau sur la
participation active (plus haut)
III.
La restauration de la liturgie (21-40)
La liturgie
« comporte une partie immuable,
celle qui est d’institution divine, et des
parties sujettes au changement qui peuvent varier au cours des âges ou même
le doivent, s’il s’y est introduit des éléments qui correspondent mal à la
nature intime de la liturgie elle-même, ou si ces parties sont devenues
inadaptées. Cette restauration doit consister à organiser les textes et les
rites de telle façon qu’ils expriment avec
plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient, et que le peuple
chrétien, autant qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire » (21). D’un
côté il y a les sept sacrements institués par le Christ (partie immuable), et
de l’autre les différents rites selon lesquels au cours de son histoire
l’Eglise en Occident et en Orient a célébré les sacrements (parties sujettes au
changement). Il ne faut pas confondre le sacrement et le rite. La grâce de Dieu
est donnée par le sacrement.
Le gouvernement de la
liturgie dépend du Siège apostolique et de l’évêque. « C’est pourquoi
absolument personne d’autre, même prêtre, ne peut, de son propre chef, ajouter,
enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie. » (22)
Le but du Concile
consiste à maintenir « la saine tradition » et à permettre en même
temps « un progrès légitime » (23).
La réforme liturgique a
souligné l’importance de la Sainte Ecriture dans la liturgie : « Pour
procurer la restauration, le progrès et l’adaptation de la liturgie, il faut
promouvoir ce goût savoureux et vivant
de la Sainte Écriture dont témoigne la vénérable tradition des rites aussi
bien orientaux qu’occidentaux. » (24)
« Les actions liturgiques ne sont pas des
actions privées, mais des célébrations
de l’Église, qui est « le sacrement de l’unité », c’est-à-dire le peuple
saint réuni et organisé sous l’autorité des évêques. C’est pourquoi elles
appartiennent au Corps tout entier de l’Église, elles le manifestent et elles
l’affectent ; mais elles atteignent chacun de ses membres, de façon diverse,
selon la diversité des ordres, des fonctions, et de la participation
effective. » (26)
« Dans les célébrations liturgiques, chacun,
ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et
totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes
liturgiques. » (28). La liturgie est une action à la fois hiérarchique et
communautaire. Elle reflète par là la nature même de l’Eglise, peuple de Dieu,
structuré par le ministère épiscopal.
Liturgie et
classes sociales (32) : « Dans la liturgie, en dehors de la
distinction qui découle de la fonction liturgique de l’ordre sacré, et en
dehors des honneurs dus aux autorités civiles conformément aux lois
liturgiques, on ne fera aucunement acception des personnes privées ou du rang
social, soit dans les cérémonies soit dans les pompes extérieures. » Avant
le Concile il y avait en France des funérailles religieuses de première classe
ou de deuxième classe en fonction du tarif que l’on payait ! Et dans la
plupart des paroisses les familles aisées pouvaient louer et réserver leurs
chaises… qui étaient d’ailleurs numérotées.
« Bien que la liturgie soit principalement
le culte de la divine majesté, elle comporte aussi une grande valeur pédagogique pour le peuple fidèle. Car, dans la
liturgie, Dieu parle à son peuple ; le Christ annonce encore l’Évangile. Et le
peuple répond à Dieu par les chants et la prière. Bien plus, les prières
adressées à Dieu par le prêtre, qui préside l’assemblée en la personne du
Christ, sont prononcées au nom de tout le peuple saint et de tous les
assistants. Enfin, le Christ ou l’Église ont choisi les signes visibles
employés par la liturgie pour signifier les réalités divines invisibles. Aussi,
non seulement lorsqu’on lit « ce qui a été écrit pour notre instruction » (Rm
15, 4), mais encore lorsque l’Église prie, chante ou agit, la foi des
participants est nourrie, les âmes s’élèvent vers Dieu pour lui rendre un
hommage spirituel et recevoir sa grâce avec plus d’abondance. » (33)
Harmonie
des rites (34) : « Les rites manifesteront une noble simplicité[9],
seront d’une brièveté remarquable et
éviteront les répétitions inutiles ; ils seront adaptés à la capacité de
compréhension des fidèles et, en général, il n’y aura pas besoin de nombreuses
explications pour les comprendre. » Dans le même sens les évêques devront
favoriser dans l’art sacré (chapitre VII) « une noble beauté plutôt que la
seule somptuosité » (n°124).
Bible,
prédication et catéchèse liturgique (35) : « Pour qu’apparaisse
clairement l’union intime du rite et de la parole dans la liturgie : 1. Dans
les célébrations sacrées, on restaurera une
lecture de la Sainte Écriture plus abondante, plus variée et mieux adaptée.
2. Le moment le plus approprié pour le sermon, qui fait partie de l’action
liturgique pour autant que le rite le permet, sera marqué même dans les
rubriques ; et on accomplira très fidèlement et consciencieusement le ministère
de la prédication. Celle-ci puisera en
premier lieu à la source de la Sainte Écriture et de la liturgie,
puisqu’elle est l’annonce des merveilles de Dieu dans l’histoire du salut qui
est le mystère du Christ, lequel est toujours là présent et actif en nous,
surtout dans les célébrations liturgiques. » → Sacrosanctum Concilium 52 à propos de l’homélie faite au cours de
l’eucharistie.
« 1. L’usage
de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites
latins
2. Toutefois, soit dans la messe, soit dans
l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie,
l’emploi de la langue du pays peut
être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place, surtout dans
les lectures et les monitions, dans un certain nombre de prières et de
chants, conformément aux normes qui sont établies sur cette matière dans les
chapitres suivants, pour chaque cas.
3. Ces normes étant observées, il revient à
l’autorité ecclésiastique qui a compétence sur le territoire, mentionnée à
l’article 22 (même, le cas échéant, après avoir délibéré avec les évêques des
régions limitrophes de même langue), de statuer si on emploie la langue du
pays et de quelle façon, en faisant agréer, c’est-à-dire ratifier, ses actes par
le Siège apostolique.
4. La traduction du texte latin dans la langue
du pays, à employer dans la liturgie, doit être approuvée par l’autorité
ecclésiastique ayant compétence sur le territoire, dont il est question
ci-dessus. » (36)
« On pourra donner la place qui convient à
la langue du pays dans les messes
célébrées avec le concours du peuple, surtout pour les lectures et la «
prière commune », et, selon les conditions locales, aussi dans les parties
qui reviennent au peuple, conformément à l’article 36 de la présente
Constitution. On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou
chanter ensemble, en langue latine,
aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent. Mais si
quelque part un emploi plus large de
la langue du pays dans la messe semble opportun, on observera ce qui est
prescrit à l’article 40 de la présente Constitution. » (54)
« Puisque assez souvent dans
l’administration des sacrements et des sacramentaux l’emploi de la langue du pays peut être d’une grande utilité
auprès du peuple, on lui donnera une plus large place » (63).
« 1. Selon la tradition séculaire du rite
latin dans l’office divin, les clercs
doivent garder la langue latine ; toutefois, pouvoir est donné à
l’Ordinaire de concéder l’emploi d’une
traduction en langue du pays, composée conformément à l’article 36, pour
des cas individuels, aux clercs chez qui l’emploi de la langue latine est un
empêchement grave à acquitter l’office divin comme il faut. 2. Quant aux
moniales et aux membres, hommes non clercs ou femmes, des instituts des états
de perfection, le supérieur compétent peut leur accorder d’employer la langue du pays dans l’office
divin, même pour la célébration chorale, pourvu que la traduction soit
approuvée. Tout clerc astreint à l’office divin, s’il célèbre celui-ci dans
la langue du pays, avec un groupe de fidèles ou avec ceux qui sont énumérés
au §2, satisfait à son obligation du moment que le texte de la traduction est
approuvé » (101).
« L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la
liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques,
toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place. Les autres
genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement
exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec
l’esprit de l’action liturgique, conformément à l’article 30 » (116).
|
Inculturation
de la liturgie (37-40) : « L’Église,
dans les domaines qui ne touchent pas la foi ou le bien de toute la communauté,
ne désire pas, même dans la liturgie, imposer la forme rigide d’un libellé
unique : bien au contraire, elle cultive les qualités et les dons des
divers peuples et elle les développe ; tout ce qui, dans les mœurs, n’est pas
indissolublement lié à des superstitions et à des erreurs, elle l’apprécie avec
bienveillance et, si elle peut, elle en assure la parfaite conservation ; qui
plus est, elle l’admet parfois dans la liturgie elle-même, pourvu que cela
s’harmonise avec les principes d’un véritable et authentique esprit
liturgique. » → Gaudium et Spes 44,2.
IV.
Développement de la vie liturgique dans le diocèse et la paroisse (41-42)
La vie
liturgique du diocèse (41) : « C’est pourquoi tous doivent
accorder la plus grande estime à la vie liturgique du diocèse autour de
l’évêque, surtout dans l’église cathédrale ; ils doivent être persuadés que la principale manifestation de l’Église
réside dans la participation plénière et active de tout le saint Peuple de
Dieu, aux mêmes célébrations liturgiques, surtout à la même Eucharistie, dans
une seule prière, auprès de l’autel unique où préside l’évêque entouré de son
presbyterium et de ses ministres. »
V.
Développement de la pastorale liturgique (43-46)
Le
renouveau liturgique, grâce de l’Esprit Saint (43) : « Le zèle
pour le développement et la restauration de la sainte liturgie est tenu à juste
titre pour un signe des dispositions providentielles de Dieu sur le temps
présent, comme un passage du
Saint-Esprit dans son Église ; et il confère à la vie de celle-ci, et même
à toutes les formes de sensibilité et d’action religieuse d’aujourd’hui, une
empreinte caractéristique. »
Chapitre
II : Le mystère de l’eucharistie (47-58)
→ Encyclique de Paul VI
sur la doctrine et le culte de la sainte eucharistie, Mysterium fidei, du 3 septembre 1965.
→ Encyclique de
Jean-Paul II Ecclesia de eucharistia
du 17 avril 2003.
La
messe et le mystère pascal (47) : « Notre Sauveur,
à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice
eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la
croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’il vienne, et pour confier ainsi à
l’Église, son Épouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection :
sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet pascal dans
lequel le Christ est mangé, l’âme est comblée de grâce, et le gage de la gloire
future nous est donné. »
Participation
active des fidèles (48) : Cf. page 50.
Révision
de l’ordinaire de la messe (50) : « Le rituel de
la messe sera révisé de telle sorte que se manifestent plus clairement le rôle propre ainsi que la connexion mutuelle de
chacune de ses parties, et que soit facilitée la participation pieuse et active des fidèles. Aussi, en gardant
fidèlement la substance des rites, on
les simplifiera, on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a
été ajouté sans grande utilité ; on
rétablira, selon l’ancienne norme des saints Pères, certaines choses qui
ont disparu sous les atteintes du temps, dans la mesure où cela apparaîtra
opportun ou nécessaire. »
Une
plus grande richesse biblique (51) : « Pour présenter
aux fidèles avec plus de richesse la
table de la Parole de Dieu, on ouvrira plus largement les trésors de la
Bible pour que, en l’espace d’un nombre d’années déterminé, on lise au peuple
la partie la plus importante des Saintes Écritures. » La réforme
liturgique a fait passer le nombre des lectures bibliques de deux à trois (sans
compter le psaume). Quant au cycle de trois années liturgiques (A = saint
Matthieu / B = saint Marc / C = saint Luc ; l’Evangile selon saint Jean
étant proclamé à des moments particuliers tout au long des trois années) pour
les lectures dominicales il répond au vœu du Concile d’ouvrir plus largement
les trésors de la Bible.
L’homélie
(52) : « L’homélie par laquelle, au cours de l’année
liturgique, on explique à partir du texte sacré les mystères de la foi et les
normes de la vie chrétienne est fortement recommandée comme faisant partie de
la liturgie elle-même ; bien plus, aux messes célébrées avec le concours du
peuple les dimanches et jours de fête de précepte, on ne l’omettra que pour un
motif grave. »
La
prière des fidèles (53) : Restauration de la
prière universelle.
Latin
et langue du pays à la messe (54) : Cf. page 54.
La
communion, sommet de la participation à la messe ; la communion sous les
deux espèces (55).
Unité
de la messe (56) : « Les deux parties qui
constituent en quelque sorte la messe, c’est-à-dire la liturgie de la parole et
la liturgie eucharistique, sont si étroitement unies entre elles qu’elles
constituent un seul acte de culte.
Aussi, le saint Concile exhorte-t-il vivement les pasteurs d’âmes à enseigner
soigneusement aux fidèles, dans la catéchèse, qu’il faut participer à la messe entière, surtout les dimanches et
jours de fête de précepte. »
La
concélébration (57) : elle sera étendue.
Chapitre
III : Les autres sacrements et les sacramentaux (59-82)
Nature
des sacrements (59) : « Les sacrements ont pour
fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ, enfin de rendre le
culte à Dieu ; mais, à titre de signes, ils ont aussi un rôle d’enseignement.
Non seulement ils supposent la foi, mais encore, par les paroles et les choses,
ils la nourrissent, ils la fortifient, ils l’expriment ; c’est pourquoi ils
sont dits sacrements de la foi.
Certes, ils confèrent la grâce, mais, en outre, leur célébration dispose au
mieux les fidèles à recevoir fructueusement cette grâce, à rendre à Dieu le
juste culte, et à exercer la charité. Il est donc de la plus grande importance
que les fidèles comprennent facilement
les signes des sacrements et fréquentent de la façon la plus assidue les
sacrements qui nourrissent la vie chrétienne. » → Dei Verbum 5.
Chapitre
IV : L’office divin (83-101)[11]
« Puisque la
sanctification de la journée est la fin de l’office, le cours traditionnel des
Heures sera restauré de telle façon que les
Heures retrouveront leur vrai temps dans la mesure du possible et qu’il
soit tenu compte des conditions de la vie présente, surtout pour ceux qui
s’appliquent aux œuvres de l’apostolat. » (88). « Pour que le cours
des Heures proposé dans l’article 89 puisse être réellement observé, les
psaumes ne seront plus répartis sur une seule semaine, mais sur un laps de
temps plus long. » (91) = cycle de 4 semaines. « En ce qui concerne
les lectures, on observera ce qui suit : a) la lecture de la Sainte Écriture
sera organisée de telle sorte qu’il soit facile d’accéder plus largement au
trésor de la parole divine ; b) les lectures à tirer des œuvres des Pères,
des docteurs et des écrivains ecclésiastiques seront mieux choisies ; c) les
Passions ou vies des saints seront rendues conformes à la vérité historique[12]. »
(92) « Il importe, soit pour sanctifier véritablement la journée, soit
pour réciter les Heures elles-mêmes avec fruit spirituel, que, dans la
récitation des Heures, on observe le moment qui se rapproche le plus du temps
véritable de chaque Heure canonique. » (94) « Les pasteurs veilleront
à ce que les Heures principales, surtout les
vêpres, les dimanches et jours de fêtes solennelles, soient célébrées en
commun dans l’église. On recommande aux laïcs eux-mêmes la récitation de
l’office divin, soit avec les prêtres, soit lorsqu’ils sont réunis entre eux,
voire individuellement. » (100).
Chapitre
V : L’année liturgique (102-111)
Revalorisation
du dimanche (106) : « L’Église célèbre le
mystère pascal, en vertu d’une tradition apostolique qui remonte au jour même
de la résurrection du Christ, chaque huitième jour, qui est nommé à bon droit
le jour du Seigneur, ou dimanche. Ce jour-là, en effet, les fidèles doivent se
rassembler pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à
l’Eucharistie, ils fassent mémoire de la passion, de la résurrection et de la
gloire du Seigneur Jésus, et rendent grâces à Dieu qui les « a régénérés pour
une vivante espérance par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1
P 1, 3). Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété
des fidèles, de sorte qu’il devienne aussi jour de joie et de cessation du
travail. Les autres célébrations, à moins qu’elles ne soient véritablement
de la plus haute importance, ne doivent pas l’emporter sur lui, car il est le fondement et le noyau de toute l’année
liturgique. »
Depuis le Concile le
sens du dimanche a été de plus en plus menacé dans nos sociétés occidentales
fortement sécularisées avec en particulier l’ouverture de plus en plus
fréquente des commerces le dimanche. C’est la raison pour laquelle le pape
Jean-Paul II a voulu rappeler l’attachement de l’Eglise au jour du Seigneur
dans sa lettre apostolique Dies Domini
datée du 5/07/1998[13].
Révision
de l’année liturgique (107.108) : « On
orientera l’esprit des fidèles avant tout vers les fêtes du Seigneur, par lesquelles se célèbrent pendant l’année
les mystères du salut. Par suite, le propre du temps recevra la place qui lui
revient au-dessus des fêtes des saints, pour que le cycle entier des mystères
du salut soit célébré comme il se doit[14]. »
Chapitre
VI : La musique sacrée (112-121)
« Le chant religieux populaire sera
intelligemment favorisé pour que, dans les exercices pieux et sacrés, et dans
les actions liturgiques elles-mêmes, conformément aux normes et aux
prescriptions des rubriques, les voix des fidèles puissent se faire
entendre » (118). « Les musiciens, imprégnés d’esprit chrétien,
comprendront qu’ils ont été appelés à cultiver la musique sacrée et à accroître
son trésor. Ils composeront les mélodies qui présentent les marques de la
véritable musique sacrée et qui puissent être chantées non seulement par les
grandes Scholae cantorum, mais qui
conviennent aussi aux petites et favorisent la participation active de toute l’assemblée des fidèles. Les
textes destinés au chant sacré seront conformes à la doctrine catholique et
même seront tirés de préférence des Saintes Écritures et des sources
liturgiques » (121).
Chapitre
VII : L’art sacré et le matériel du culte (122-130)
« L’Église n’a
jamais considéré aucun style artistique comme lui appartenant en propre, mais,
selon le caractère et les conditions des peuples, et selon les exigences des
divers rites, elle a admis les genres de chaque époque, produisant au cours des
siècles un trésor artistique qu’il faut conserver avec tout le soin possible.
Que l’art de notre époque et celui de
tous les peuples et de toutes les régions ait lui aussi, dans l’Église,
liberté de s’exercer, pourvu qu’il serve les édifices et les rites sacrés avec
le respect et l’honneur qui leur sont dus ; si bien qu’il soit à même de
joindre sa voix à cet admirable concert de gloire que les plus grands hommes
ont chanté en l’honneur de la foi catholique au cours des siècles passés »
(123). « Les Ordinaires veilleront à ce que, en promouvant et favorisant
un art véritablement sacré, ils aient en vue une noble beauté plutôt que la seule somptuosité. Ce que l’on doit
entendre aussi des vêtements et des ornements sacrés. Les évêques veilleront
aussi à ce que les œuvres artistiques qui sont inconciliables avec la foi et
les mœurs ainsi qu’avec la piété chrétienne, qui blessent le sens vraiment
religieux, ou par la dépravation des formes, ou par l’insuffisance, la
médiocrité ou le mensonge de leur art, soient soigneusement écartées des
maisons de Dieu et des autres lieux sacrés. Dans la construction des édifices
sacrés, on veillera attentivement à ce que ceux-ci se prêtent à
l’accomplissement des actions liturgiques et favorisent la participation active des fidèles » (124).
Déclaration
du 2e concile du Vatican sur la révision du calendrier
Bibliographie : Dom Robert Le Gall, La messe au fil de ses rites, C.L.D,
1992
Jean-Robert
Armogathe (sous la direction de), Histoire
générale du christianisme, PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La vie de la liturgie latine en Europe à
l’époque moderne, p.325-338.
Instruction Inter Oecumenici du 26 septembre 1964
Chapitre
V : Comment construire les églises et les autels pour obtenir la
participation active des fidèles.
I. - La disposition
des églises. 90. En érigeant des églises nouvelles, en restaurant ou en
adaptant des églises existantes, on veillera attentivement à ce qu’elles se
prêtent à célébrer les actions sacrées selon la véritable nature de
celles-ci, et à obtenir la
participation active des fidèles.
II. - L’autel majeur.
91. II est bien de construire l’autel
majeur séparé du mur, pour qu’on puisse en faire facilement le tour et qu’on
puisse y célébrer vers le peuple, et il sera placé dans l’édifice sacré, de
façon à être véritablement le centre vers lequel l’attention de l’assemblée
des fidèles se tourne spontanément. Dans le choix des matériaux destinés
à sa construction et à sa décoration, on observera les règles du droit. En
outre, le sanctuaire qui entoure l’autel sera assez vaste pour permettre
d’accomplir commodément les rites sacrés.
VI. - La conservation
de la Sainte Eucharistie. 95. La Sainte Eucharistie sera conservée dans un
tabernacle solide et inviolable, placé au milieu de l’autel majeur ou d’un
autel mineur, mais qui surpasse vraiment les autres. Selon les coutumes
légitimes et dans des cas particuliers que doit approuver l’Ordinaire du
lieu, elle pourra aussi être placée dans un autre lieu de l’église, très
noble et bien décoré. Il est permis de
célébrer la messe face au peuple, même s’il y a sur l’autel un tabernacle,
petit sans doute, mais convenable.
VII. - L’ambon. 96. II convient d’avoir pour
la proclamation des lectures sacrées un ambon ou des ambons disposés de telle
façon que le ministre puisse être bien vu et entendu par les fidèles.
IX. - Les places des fidèles. 98. Les
places des fidèles seront disposées avec un soin particulier pour qu’ils
puissent participer comme il faut, par
les yeux et par le cœur, aux célébrations sacrées. Il convient de mettre
habituellement à leur usage des bancs ou des sièges. Cependant, conformément à l’article 32 de la Constitution, on doit
réprouver la coutume de réserver des sièges à certaines personnes privées.
On veillera aussi à ce que les fidèles puissent non seulement voir, mais
encore, grâce aux moyens techniques d’aujourd’hui, entendre commodément soit
le célébrant, soit les autres ministres.
Cardinal JACQUES
LERCARO, archevêque de Bologne, président du Conseil pour l’exécution de la
Constitution sur la liturgie ; Cardinal ARCADIUS-M. LARRAONA, préfet de la
Congrégation des Rites, + HENRI DANTE, archevêque titulaire de Carpassos,
secrétaire de la congrégation des Rites.
|
Le renouveau eucharistique suite au
Concile Vatican II
« C’était à Rome, en 1964,
peu avant la dernière session du concile Vatican II. Une messe en semaine
dans la jolie petite église de Saint-Pierre-aux-Liens, celle du Moïse de Michel-Ange. Une petite
trentaine de fidèles, à cette heure matinale. Tout au fond du chœur, tournant
le dos à l’assemblée, un prêtre célèbre à voix basse. La clochette de
l’enfant de chœur permet de savoir où il en est. Mais, en fait, personne ne
semble s’en préoccuper, sauf au moment de la consécration. Le reste du temps,
un imposant dominicain, debout face aux fidèles à l’entrée du chœur, comme
une sorte d’iconostase vivante masquant le sanctuaire où se déroule l’action
sacrée, fait réciter le chapelet. Il est devant ce que l’on appelait alors la
table de communion. Mais de communion il ne sera pas question : la messe
se termine, « Ite missa est »,
sans que personne n’ait été invité à s’approcher de la sainte table. La
communion était possible, mais ailleurs, dans une chapelle latérale où,
toutes les demi-heures environ, un prêtre en soutane, surplis et étole venait
avec un ciboire distribuer la communion à ceux qui la désiraient. Ce jour-là
il y avait même, entourée de sa famille, une petite fille avec une couronne
de fleurs blanches dans les cheveux : elle faisait sans doute sa
première communion. Communion sans plus de rapport avec la messe célébrée que
la confession que chacun pouvait faire aussi quand il le souhaitait à un
confessionnal situé de l’autre côté. Ainsi, tout au long de la messe, des
personnes quittaient leur place pour aller se confesser ou communier, comme
si la communion était un huitième sacrement, sans rapport avec le déroulement
de la messe[15].
Peut-être cette communion était-elle déjà un progrès, l’aube d’un
renouveau ? A Paris, dans mon enfance, les participants à la messe en
semaine étaient fort peu nombreux. Et la communion n’était pas si fréquente.
L’enfant qui se proposait pour servir une messe et qui désirait y communier
allait chercher deux ou trois hosties à la sacristie et les déposait sur la
patène du prêtre avant la messe, pour lui et les personnes qui lui avaient
fait signe. Et, dans les années 1950, lorsqu’une messe de mariage comportait
pour les fidèles la possibilité de communier, on précisait sur le faire-part
‘messe de communion’. On peut dire sans trop d’exagération que l’Eglise en
notre temps a redécouvert l’eucharistie. […] La messe a cessé
d’être une dévotion individuelle, où chacun venait surtout se recueillir,
juxtaposé aux autres, ou laissant un écart de quelques chaises, mais
finalement seul face à son Dieu. On priait en même temps, mais priait-on
ensemble ? … A la messe aujourd’hui à peu près tout le monde est au même
moment dans la même attitude. On ne voit plus guère ces assemblées, dont
des vieux films nous ont gardé le souvenir, où certains sont assis ou debout
alors que d’autres sont à genoux, et que d’autres déambulent, en train
d’arriver ou déjà de partir. Quand un texte est lu, en principe, si le
lecteur articule, si le micro n’est pas mal réglé et si la langue est celle
des participants, chacun entend en même temps la même parole qui construit
l’assemblée. De même les chants ne sont plus réservés aux messes de jeunes ou
aux chantres : ils font partie de la prière commune, et des animateurs
qui en ont le charisme aident là aussi l’assemblée à prendre corps. Nos
grands-parents entendaient leur messe, nos parents assistaient à la messe,
nous y participons. […] Les chrétiens ont surtout redécouvert la communion.
On ne dira jamais assez l’importance pour l’Eglise en Occident des décrets de
saint Pie X, au tout début de ce siècle, sur la communion fréquente. Dans une
Eglise encore marquée par les étroitesses du jansénisme, ce fut, à long
terme, une vraie révolution. L’Eglise, c’est-à-dire tous les fidèles,
retrouvait le chemin d’une pleine participation à l’eucharistie. Jusque-là,
la plupart se contentaient de regarder le saint sacrement, en le dévorant des
yeux dans l’adoration et en communiant de loin en loin, au minimum une fois
l’an, à Pâques, pour satisfaire au précepte. Désormais ils ont pleinement
accès au repas du Seigneur. Là est peut-être la source la plus importante du
renouveau de l’Eglise catholique au XXème siècle : accédant enfin à la
communion, les chrétiens les plus conscients vont y puiser la force de
prendre toute leur place dans l’Eglise, dans sa mission comme dans sa
liturgie. Paradoxalement, les réformes de Pie X sur la première communion et
sur la communion fréquente pourraient bien apparaître un jour comme l’une des
sources lointaines du renouveau de Vatican II[16].
»
« AUTREFOIS,
la messe chrismale était célébrée de manière discrète, le matin du Jeudi
Saint, devant une assemblée constituée exclusivement de prêtres et de
séminaristes installés dans le chœur. Non seulement les fidèles ne pouvaient
pas y participer, en raison de leur travail, mais il ne serait même pas venu
à l’idée de les inviter à une liturgie qui semblait réservée aux «
professionnels » des sacrements que sont les prêtres.
AUJOURD’HUI,
elle rassemble la totalité du Peuple de Dieu autour de l’évêque, dans une
belle diversité de ministères et d’états de vie. S’il n’est pas possible, bien
évidemment, que toutes les réalités géographiques et transversales du diocèse
soient physiquement présentes, elles sont bel et bien toutes représentées
dans une célébration fervente qui remplit la nef de la cathédrale. Quel
beau progrès !
AUTREFOIS,
les prêtres célébraient la messe basse avant d’assister à la messe présidée
par l’évêque sans y communier.
AUJOURD’HUI,
tous les prêtres sont invités à concélébrer autour de l’archevêque, pour la
messe chrismale et pour d’autres circonstances, manifestant ainsi l’unité du
sacerdoce et la communion ecclésiale. Autour d’eux se retrouvent les diacres,
les consacrés et l’ensemble du Peuple de Dieu, tous appelés à communier au
corps du Seigneur consacré lors de cette messe. Quelle
belle image de l’Église ![17] »
Mgr. Jean-Pierre
Grallet, archevêque de Strasbourg
|
[1] Jean-Robert Armogathe
(sous la direction de), Histoire générale
du christianisme, PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La vie de la liturgie latine en Europe à
l’époque moderne, p.325-338.
[2]
Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de
Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.118.
[3] Même s’il y a eu en
Espagne le Parti intégriste fondé par Ramon Nocedal, qui avait publié en 1902
un « Credo politico-religieux » inspiré du Syllabus (1864) du pape Pie IX.
[4]
http://www.fsspx.org/fr/homepage/a1s1/?pid=37
[5]
Jean Guitton, Dialogues avec Paul VI,
Fayard, 1967, p.275.
[6] Le Missel de saint Pie V,
issu des réformes du concile de Trente, témoignait d’ « une vision
très cléricale de la liturgie » à un tel point que la messe privée
(célébrée par le seul prêtre avec le concours d’un clerc qui représente le
peuple) était devenue « la forme fondamentale de la célébration des
mystères ». Les rites de la Curie romaine ne prévoyaient même pas dans les
rubriques la présence du peuple ! D’où les nombreuses tentatives de
redonner au peuple chrétien sa place dans la célébration de la messe tout au
long des 17e et 18e siècles : cardinal Tomasi,
traduction française du missel romain, récitation du canon à haute voix,
pastorale du père Jubé etc. La réforme du Concile a donc repris en grande
partie les aspirations liturgiques de la période qui a suivi le concile de
Trente. Cf. Jean-Robert Armogathe (sous la direction de), Histoire générale du christianisme, PUF, 2010, volume 2 ;
Clément Meunier, La vie de la liturgie
latine en Europe à l’époque moderne, p.325-338.
[7]
Cette exigence d’une plus grande clarté dans le déroulement des rites
liturgiques revient à la manière d’un refrain dans la constitution : n°62,
71, 72, 77.
[8] La participation active
des fidèles ne peut être réduite à une attitude extérieure. Elle exige aussi
une attitude spirituelle intérieure que seul le silence sacré est en mesure de
favoriser. La « dévotion intérieure » et la « réalisation
extérieure » doivent toujours aller de pair dans la liturgie (n°99).
[9] Le désir le plus cher du
cardinal théatin Joseph-Marie Tomasi (1649-1713) était celui de « la
participation à la liturgie » qu’il voulait « d’une grande
simplicité ». Cf. Jean-Robert Armogathe (sous la direction de), Histoire générale du christianisme, PUF,
2010, volume 2 ; Clément Meunier, La
vie de la liturgie latine en Europe à l’époque moderne, p.333.
[10] C’est une question
ancienne puisqu’un débat sur ce sujet avait déjà eu lieu lors du concile de
Trente. Malgré le refus de ce concile de donner à la langue vernaculaire une
place dans la liturgie certaines initiatives pastorales avaient essayé de
contourner l’interdiction romaine comme par exemple celle d’une traduction
française du missel romain réalisée par Voisin en 1661 avec le soutien du
cardinal de Retz. « La résistance persiste sur la traduction littérale du
Canon de peur que les prêtres soient portés à célébrer en langue
moderne… ». Cf. Jean-Robert
Armogathe (sous la direction de), Histoire
générale du christianisme, PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La vie de la liturgie latine en Europe à
l’époque moderne, p.325-338.
[11] La réforme de l’office
divin ou bréviaire ou liturgie des heures reprend en les amplifiant des
tentatives de réformes remontant au 16e siècle. Il faut surtout
citer le bréviaire du cardinal Quiñonez (1535) qui rencontra un véritable
succès : « On recense une centaine
d’éditions de cet ouvrage jusqu’en 1568, date de son interdiction : le
succès éditorial de cette entreprise témoigne de ce qu’elle répondait à un
besoin sérieux pour les prêtres ». La réforme du concile de Trente avait
déjà cherché à « limiter l’empiètement du sanctoral sur le temporal en
réduisant le nombre de fêtes ». Au 18e siècle le pape Benoît
XIV avait décidé d’une réforme du bréviaire issu du concile de Trente, réforme
qui n’a pas pu aboutir en raison de la mort du Souverain Pontife. Cf. Jean-Robert
Armogathe (sous la direction de), Histoire
générale du christianisme, PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La vie de la liturgie latine en Europe à
l’époque moderne, p.328.329.337.
[12] Le désir d’épurer le
bréviaire romain « des éléments les plus douteux du merveilleux
médiéval » ainsi que des « nombreuses légendes fantaisistes »
remonte à l’époque du concile de Trente. Le bréviaire issu de ce concile allait
déjà dans ce sens. En 1602 Baronius avait épuré le sanctoral du bréviaire romain.
Mais toutes ces réformes demeuraient timides. La prise de conscience de la
priorité du temporal (les temps liturgiques) sur le sanctoral (les fêtes des
saints) remonte aussi au 16e siècle. Ce qui a eu pour conséquence
une réduction du nombre des fêtes des saints. Cf. Jean-Robert Armogathe (sous
la direction de), Histoire générale du
christianisme, PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La vie de la liturgie latine en Europe à
l’époque moderne, p.329.334.
[13]
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_letters/documents/hf_jp-ii_apl_05071998_dies-domini_fr.html
[14] Réforme liturgique
remontant à l’époque du concile de Trente. Cf. Jean-Robert Armogathe (sous la
direction de), Histoire générale du
christianisme, PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La vie de la liturgie latine en Europe à
l’époque moderne, p.329.
[15] Cette séparation entre la
célébration de la messe et la communion est le résultat d’une cléricalisation
et d’une privatisation du sacrement de l’eucharistie. Dans le missel romain
issu du concile de Trente c’est la messe privée et non la messe avec peuple qui
est la forme fondamentale de la célébration des mystères. D’où « le
divorce entre l’action liturgique à proprement parler (la messe, qui devient de
plus en plus l’affaire du seul prêtre) et le résultat de cette action (la
communion des fidèles) ». Cf. Jean-Robert Armogathe (sous la direction
de), Histoire générale du christianisme,
PUF, 2010, volume 2 ; Clément Meunier, La
vie de la liturgie latine en Europe à l’époque moderne, p.331. Il est
important de souligner dans une perspective d’histoire de la liturgie que la
manière dont est célébrée aujourd’hui la forme extraordinaire du rite latin
(messe dite de saint Pie V) n’a pas grand chose à voir avec la messe latine
telle qu’elle se célébrait dans l’Eglise aux 16e et 17e
siècles et jusqu’aux années qui ont précédé le Concile. Cette séparation entre
célébration de la messe et communion des fidèles a disparu dans la célébration
actuelle de la forme extraordinaire de même que les explications ou les dévotions
privées pendant la messe. Ce qui signifie que la forme extraordinaire a
elle-même bénéficié de la réforme liturgique issue de Vatican II et donc de la
forme ordinaire du rite latin, forme dans laquelle la messe avec peuple est le
modèle de la célébration, la messe privée devant rester une exception. L’idée
selon laquelle, au lendemain du concile de Trente, tous les diocèses ont adopté
la forme unique du missel romain dit de saint Pie V, et qu’il y avait donc dans
l’Eglise une stricte uniformité rituelle, ne correspond pas à la réalité
historique. « Entre 1680, publication du missel de Vienne, et 1787,
publication du missel de l’ordre des Prémontrés, on compte quelque
soixante-dix-neuf missels néo-gallicans recensés. Il est particulièrement
intéressant de souligner que ce mouvement concerne d’abord et avant tous les
diocèses : seuls trois ordres religieux se dotèrent de missels
néo-gallicans » (Jean-Robert Armogathe (sous la direction de), Histoire générale du christianisme, PUF,
2010, volume 2 ; Clément Meunier, La
vie de la liturgie latine en Europe à l’époque moderne, p.335).
[16]
Jean-Noël Bezançon, Dieu n’est pas
bizarre (pages 129 et suivantes).
[17]
Homélie de la messe chrismale 2012.
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