mercredi 24 octobre 2012

2. DEI VERBUM: La révélation divine



Chapitre II

Constitution dogmatique sur la Révélation divine

Dei Verbum

18 novembre 1965

→ Travaux du père Henri de Lubac sj : Histoire et Esprit. L’intelligence de l’Ecriture d’après Origène ; L’exégèse médiévale. Les quatre sens de l’Ecriture.

→ Encyclique du pape Pie XII, Divino afflante Spiritu (1943)

Préambule (n°1) : L’Eglise écoute et proclame la Parole de Dieu. Vatican II se situe dans la continuité des Conciles de Trente et du Vatican I pour « proposer la doctrine véritable sur la révélation divine et sur sa transmission ».

Chapitre premier : La révélation elle-même (2-6)

Nature de la révélation (n°2) : Dieu s’adresse aux hommes « ainsi qu’à des amis ».

« Pareille économie de la Révélation comprend des actions et des paroles intimement liées entre elles, de sorte que les œuvres, accomplies par Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent et la doctrine et le sens indiqués par les paroles, tandis que les paroles proclament les œuvres et éclairent le mystère qu’elles contiennent. » Les sacrements reprennent dans la vie de l’Eglise la structure même de la révélation : ils ont une matière (= un aspect concret, visible, une action ou un geste, par exemple verser de l’eau sur la tête du bébé ou du catéchumène) et une forme (= des paroles, par exemple : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit).

Préparation de la révélation évangélique (n°3) : dans la création et dans le peuple d’Israël.

Dieu « prit un soin constant du genre humain, pour donner la vie éternelle à tous ceux qui, par la constance dans le bien, recherchaient le salut (cf. Rm 2, 6-7). »

Le Christ, plénitude personnelle de la révélation (n°4) : « C’est donc lui (le Christ) – le voir, c’est voir le Père (cf. Jn 14, 9) – qui, par toute sa présence et par la manifestation qu’il fait de lui-même par ses paroles et ses œuvres, par ses signes et ses miracles, et plus particulièrement par sa mort et sa résurrection glorieuse d’entre les morts, par l’envoi enfin de l’Esprit de vérité, achève en l’accomplissant la révélation, et la confirme encore en attestant divinement que Dieu lui-même est avec nous pour nous arracher aux ténèbres du péché et de la mort et nous ressusciter pour la vie éternelle. L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Tm 6, 14 ; Tt 2, 13). » La révélation divine s’achève avec le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse.

Accueil de la révélation par la foi (n°5) : La réponse de l’homme à la révélation est la foi, acte humain et libre qui requiert « la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint-Esprit ». → Dignitatis humanae 3 et 10.

Révélation divine et connaissance naturelle de Dieu (n°6), thème abordé à Vatican I. Est affirmée la possibilité de connaître « Dieu, principe et fin de toutes choses » « par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées ». Cf.  Les voies cosmologiques, c’est-à-dire à partir de l’observation de la création, chez saint Thomas d’Aquin.

→ Encyclique de Jean-Paul II, Fides et ratio, sur le rapport entre foi et raison (14/09/1998).

Chapitre II : La transmission de la révélation divine (7-10)

Les apôtres et leurs successeurs, hérauts de l’Evangile (n°7) : C’est du Christ que les apôtres ont reçu la mission de proclamer à tous les hommes l’Evangile « comme la source de toute vérité salutaire et de toute règle morale ». Fidèles à cette mission les apôtres ont transmis l’Evangile par « la prédication orale, dans les exemples et les institutions » avec l’assistance de l’Esprit-Saint alors que certains parmi eux ou des hommes de leur entourage (cf. Luc, Paul) ont consigné « par écrit le message du salut », « sous l’inspiration du même Esprit-Saint ». Les évêques ont succédé aux apôtres dans cette charge de transmission de l’Evangile.

« Cette sainte Tradition et la Sainte Écriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Église en son cheminement terrestre contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est (cf. 1 Jn 3, 2). »

La sainte Tradition (n°8) : La Tradition apostolique ne doit pas être confondue avec les traditions ecclésiastiques (cf. Marc 7, 8.13). « Quant à la Tradition reçue des Apôtres, elle comprend tout ce qui contribue à conduire saintement la vie du peuple de Dieu et à en augmenter la foi ; ainsi l’Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération, tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit. » Cette Tradition apostolique est vivante tout au long de l’histoire de l’Eglise : « Cette Tradition qui vient des Apôtres progresse dans l’Église, sous l’assistance du Saint-Esprit ; en effet, la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît, soit par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent en leur cœur (cf. Lc 2, 19.51), soit par l’intelligence intérieure qu’ils éprouvent des réalités spirituelles, soit par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, ont reçu un charisme certain de vérité. Ainsi l’Église, tandis que les siècles s’écoulent, tend constamment vers la plénitude de la divine vérité, jusqu’à ce que soient accomplies en elle les paroles de Dieu. »

« Ce qui est premier pour nous c’est la Tradition, qu’il faut bien distinguer des traditions. Le mot tradition veut dire : acte de livrer quelque chose, de livrer quelqu’un, et suprêmement acte de se livrer. La Tradition, c’est le Christ. Le Père l’a livré, il s’est livré, et en se livrant il a livré la Parole de Dieu, il a livré le mystère de Dieu et de sa volonté sur l’humanité et sur nous-mêmes. La Révélation est Tradition du Christ et par lui. Il a appelé et envoyé ses apôtres pour le livrer et livrer ce qu’ils ont reçu de lui, et se livrer eux-mêmes jusqu’à la mort si nécessaire. C’est la Tradition apostolique. Ce qui est premier et fondamental pour nous et pour toujours, c’est ce que nous ont livré les apôtres, avant tout les Douze, et les premières communautés chrétiennes. La Tradition est l’enseignement des apôtres, la Fraction du Pain, les prières, la communion fraternelle, comme le disent Les Actes des Apôtres (2,42). Cette Tradition se fait vivante dans le témoignage des saints et des martyrs, la vie et l’enseignement des Pères et des Docteurs de l’Eglise, les successeurs des apôtres, à savoir leurs collaborateurs et leurs successeurs, les évêques. Et bien sûr, la Tradition des apôtres subsiste en premier lieu dans l’Ecriture Sainte, celle de l’Ancien Testament que Jésus n’a pas abolie, mais accomplie, et suprêmement celle du Nouveau Testament. Le rôle de l’Eglise apostolique est de conserver, de transmettre, de comprendre de mieux en mieux ce que les apôtres ont vécu, prêché, transmis à leurs collaborateurs immédiats, et par eux à leurs successeurs. La succession apostolique est née à partir de la vie de l’Eglise et de la volonté du Christ que l’Eglise soit pour toujours apostolique, garante de la Tradition apostolique, et en premier lieu de la Tradition présente dans l’Ecriture. De même que la Parole de Dieu s’est faite chair, la Tradition s’est faite chair, s’est « incarnée », a pris un corps dans l’Ecriture[1] ».


Le rapport réciproque entre la Tradition et l’Ecriture (n°9) : « La sainte Tradition et la Sainte Écriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant de la même source divine, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin. »

Tradition, Ecriture, peuple de Dieu et magistère (n°10) : « La sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu, confié à l’Église ». « La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus Christ. Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il propose à croire comme étant révélé par Dieu. » « Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa manière, sous l’action du seul Esprit Saint, elles contribuent efficacement au salut des âmes. »

Chapitre III : L’inspiration de la Sainte Ecriture et son interprétation (11-13)

Inspiration et vérité de la Sainte Ecriture (n°11) : Dieu est l’auteur des Ecritures (inspiration) par l’intermédiaire d’hommes qu’il a choisis et qui ont écrit « en vrais auteurs » (Dieu ne leur a pas dicté sa Parole). L’Ecriture nous révèle donc « la vérité que Dieu pour notre salut » a voulu y voir consignée.

Comment interpréter l’Ecriture (n°12) : « Puisque Dieu, dans la Sainte Écriture, a parlé par des hommes à la manière des hommes, il faut que l’interprète de la Sainte Écriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, cherche avec attention ce que les hagiographes ont vraiment voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles. » C’est le rôle dans l’Eglise de l’exégèse et de la théologie biblique. Pour découvrir l’intention des auteurs sacrés il faut tenir compte des « genres littéraires ». Un deuxième critère d’interprétation consiste à porter une attention particulière « au contenu et à l’unité de toute l’Ecriture, eu égard à la Tradition vivante de toute l’Eglise et à l’analogie de la foi ». C’est le magistère de l’Eglise qui demeure l’interprète authentique des Ecritures : « Tout ce qui concerne la manière d’interpréter l’Écriture est finalement soumis au jugement de l’Église, qui exerce le ministère et le mandat divinement reçus de garder la Parole de Dieu et de l’interpréter. » C’est la différence avec le principe protestant du libre examen selon lequel le chrétien interprète librement le texte biblique sans avoir à se soumettre à l’autorité de l’Eglise en la matière. Le procès et la condamnation de Galilée en 1633 montrent toutefois que le magistère de l’Eglise a besoin des recherches et des progrès de la science biblique pour ne pas commettre des erreurs d’appréciation quant à la signification d’un texte de la Bible. Le magistère demeure un guide sûr lorsqu’il nous donne le sens religieux de l’Ecriture tout en respectant la juste autonomie des sciences. → Gaudium et Spes 36,2. Galilée lui-même avait bien compris qu’il ne fallait pas attendre de l’Ecriture un cours de science. Comme l’affirme le Concile, la vérité qui se trouve dans la Parole de Dieu est une vérité salutaire, c’est-à-dire une vérité qui concerne le salut de tout homme et de l’humanité. «  Si l'écriture ne peut errer, écrit Galilée à Benedetto Castelli, certains de ses interprètes et commentateurs le peuvent, et de plusieurs façons ». Le savant italien reprit à son compte la célèbre formule du cardinal Baronius : "L’intention du Saint-Office est de nous enseigner comment on va au ciel et non comment va le ciel". La lettre que Galilée écrivit en 1615 à Madame Christine de Lorraine, Grande Duchesse de Toscane, montre à quel point il anticipait à son époque certaines conclusions de l’exégèse contemporaine, conclusions prises en compte dans la manière qu’a Dei Verbum de présenter l’inspiration de la Sainte Ecriture.

La condescendance de Dieu (n°13) : Dieu a adapté son langage à notre humanité (ce que saint Jean Chrysostome appelle la synkatabasis divine). « Les paroles de Dieu, passant par les langues humaines, sont devenues semblables au langage des hommes, de même que jadis le Verbe du Père éternel, ayant pris l’infirmité de notre chair, est devenu semblable aux hommes. » Le processus par lequel Dieu se révèle dans l’Ecriture a donc une ressemblance avec le mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu (sa Parole éternelle). « Le christianisme est une religion qui a des livres, mais qui n’est pas la religion du livre. Il est ambigu de parler des trois religions du livre. Le christianisme est la religion de la Parole, qui est le Christ agissant et parlant. Jésus n’a rien écrit, ni les apôtres dans un premier temps. Jésus ne leur a pas dit : allez, écrivez. Mais « de toutes les nations faites disciples » ; « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création[2] ». C’est ce qu’ils ont fait ». La Parole de Dieu avant d’être une collection de livres est une prédication, une tradition orale.

Chapitre IV : L’Ancien Testament (14-16)

L’histoire du salut dans les livres de l’Ancien Testament (n°14) : « Dieu se révéla, en paroles et en actes, au peuple de son choix, comme l’unique Dieu véritable et vivant », c’est la révélation monothéiste.

Importance de l’Ancien Testament pour les chrétiens (n°15) : « L’économie de l’Ancien Testament avait pour raison d’être majeure de préparer l’avènement du Christ Sauveur de tous, et de son Royaume messianique, d’annoncer prophétiquement cet avènement (cf. Lc 24, 44 ; Jn 5, 39 ; 1 P 1, 10) et de le signifier par diverses figures (cf. 1 Co 10, 11). » Les livres de l’Ancien Testament sont les témoins d’une « véritable pédagogie divine ». Ils permettent de « connaître qui est Dieu et qui est l’homme », ils contiennent « de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante sagesse sur la vie humaine » en même temps que de « l’imparfait et du caduc ». → Nostra Aetate 4.

L’unité des deux Testaments (n°16) : « Inspirateur et auteur des livres de l’un et l’autre Testament, Dieu les a en effet sagement disposés de telle sorte que le Nouveau soit caché dans l’Ancien et que, dans le Nouveau, l’Ancien soit dévoilé ».

Chapitre V : Le Nouveau Testament (17-20)

Excellence du Nouveau Testament (n°17) : « La Parole de Dieu, qui est une force divine pour le salut de tout croyant (cf. Rm 1, 16), se présente dans les écrits du Nouveau Testament et sa puissance s’y manifeste de façon singulière. »

L’origine apostolique des Evangiles (n°18) : L’Evangile quadriforme constitue « le fondement de notre foi ». « Il n’échappe à personne qu’entre toutes les Écritures, même celles du Nouveau Testament, les Évangiles possèdent une supériorité méritée, en tant qu’ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et sur la doctrine du Verbe incarné, notre Sauveur. » Cette supériorité des Evangiles sur les autres écrits bibliques se manifeste concrètement dans la célébration de l’eucharistie puisque l’on se lève pour écouter la lecture de l’Evangile et que seul le livre des Evangiles est encensé.

Leur caractère historique (n°19) : C’est la problématique de l’exégèse historico-critique qui s’est particulièrement développée en Allemagne à partir du 19ème siècle, puis en France. Un oratorien français est souvent considéré comme l’initiateur de la critique biblique (Moïse ne peut pas être l’auteur de tout le Pentateuque) : Richard Simon, né le 13 mai 1638 à Dieppe où il est décédé le 11 avril 1712. « La sainte Mère Église a tenu et tient fermement et, avec la plus grande constance, que ces quatre Évangiles, dont elle affirme sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus, le Fils de Dieu, durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel (cf. Ac 1, 1- 2). » La Tradition orale (celle des apôtres et de leurs collaborateurs dans la première Eglise) est une transmission de l’Evangile avec une « intelligence plus profonde des choses ». Les évangélistes ont, à leur tour, consigné par écrit une partie de cette Tradition orale en l’expliquant « en fonction de la situation des Églises, gardant enfin la forme d’une prédication, de manière à nous livrer toujours sur Jésus des choses vraies et sincères ». Mgr. Bouchex distingue l’exactitude de la vérité : Les évangélistes « ne rapportent pas toujours les paroles exactes de Jésus. Mais ils sont fidèles à la vérité de ses paroles. Les paroles de Jésus en saint Jean sont plus vraies que s’il rapportait exactement l’enregistrement de ses paroles. Il y a une différence entre l’exactitude et la vérité. L’histoire ne consiste pas seulement à rapporter des faits exacts, mais les faits avec leur sens et leur vérité[3] ».

Les autres écrits du Nouveau Testament (n°20)

Chapitre VI : La Sainte Ecriture dans la vie de l’Eglise (21-25)

Importance de la Sainte Ecriture pour l’Eglise (n°21) : « L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. » Il s’agit des « deux tables » (enseignement traditionnel : cf. plus loin L’imitation de Jésus-Christ IV, 11.4 et le sermon de Bossuet sur la Parole de Dieu, 1661). « Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrie et guidée par la Sainte Écriture. » Suite au concile la prédication passera du sermon (exposé du catéchisme) à l’homélie (commentaire de l’Ecriture ; Sacrosanctum Concilium 52). Autrefois on considérait « valide » la participation à la messe si l’on arrivait en retard et que l’on manquait la liturgie de la Parole (d’où la recommandation du n°56 de Sacrosanctum Concilium). L’un des aspects majeurs de la réforme liturgique consistera à donner une place plus importante à la Parole de Dieu dans les célébrations de l’Eglise. → Sacrosanctum Concilium 24, 35, 36, 51, 54, 92, 106, 121.

AUTREFOIS, la Parole de Dieu était proclamée en latin, comme si elle était réservée aux clercs, aux savants, et cachée aux toutpetits. La grande partie du peuple chrétien n’avait pas accès à tous ses trésors, se contentant de l’histoire sainte et de quelques textes fondamentaux des évangiles.
AUJOURD’HUI, cette Parole est proclamée dans la langue du peuple et en grande partie par des laïcs qui s’en acquittent avec dignité. La Bible est devenue massivement accessible. De nombreux diocèses, comme le nôtre, s’engagent dans des dynamiques appuyées sur la Parole de Dieu et diffusent dans ce cadre aussi bien le texte de la Sainte Ecriture que des outils pour l’accueillir au mieux. Quelle merveilleuse ouverture ![4]
Mgr. Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg

 

Nécessité des différentes versions et traductions (n°22) : « Il faut que l’accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux fidèles du Christ. » Le Concile encourage les traductions qui sont faites à partir des textes originaux et entrevoit la possibilité d’une traduction œcuménique (elle sera réalisée d’abord pour le Nouveau Testament en 1972 sous le nom de TOB = traduction œcuménique de la Bible, c’était déjà un projet de Richard Simon au 17ème siècle).

La tâche apostolique des théologiens catholiques (n°23)

Ecriture Sainte et théologie (n°24) : L’Ecriture doit devenir de plus en plus « l’âme » de la théologie. « Que le ministère de la parole, qui comprend la prédication pastorale, la catéchèse, et toute l’instruction chrétienne, où l’homélie liturgique doit avoir une place de choix, trouve, lui aussi, dans cette même parole de l’Écriture, une saine nourriture et une sainte vigueur. »

Recommandation de la lecture de l’Ecriture Sainte (n°25) : Citations de saint Jérôme (traducteur de la Bible en latin, la Vulgate) : « L’ignorance des Ecritures, c’est l’ignorance du Christ » et de saint Ambroise : « La prière doit aller de pair avec la lecture de la Sainte Écriture, pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car « nous lui parlons quand nous prions, mais nous l’écoutons quand nous lisons les oracles divins ».

Epilogue (n°26) : « De même que l’Église reçoit un accroissement de vie par la fréquentation assidue du mystère eucharistique, ainsi peut-on espérer qu’un renouveau de vie spirituelle jaillira d’une vénération croissante de la Parole de Dieu, qui « demeure à jamais » (Is 40, 8 ; cf. 1 P 23-25). »

« L’une est la table de l’autel sacré, sur lequel repose un pain sanctifié, c’est-à-dire le Corps précieux de Jésus-Christ. L’autre est la table de la loi divine, qui contient la doctrine sainte, qui enseigne la vraie foi, qui soulève le voile du sanctuaire, et nous conduit avec sûreté jusque dans le Saint des saints ».
(Imitation de Jésus-Christ, IV, 11, 4).

 
« Le temple de Dieu, mes Sœurs, a deux places augustes et vénérables, je veux dire l’autel et la chaire. Là, se présentent les requêtes ; ici, se publient les ordonnances ; là, les ministres des choses sacrées parlent à Dieu de la part du peuple ; ici, ils parlent au peuple de la part de Dieu ; là, Jésus-Christ se fait adorer dans la vérité de son corps ; il se fait reconnaître ici dans la vérité de sa doctrine. Il y a une très étroite alliance entre ces deux places sacrées, et les œuvres qui s’y accomplissent ont un rapport admirable. Le mystère de l’autel ouvre le cœur pour la chaire ; le ministère de la chaire apprend à s’approcher de l’autel ».
Les prédicateurs de l’Evangile montent en chaire « dans le même esprit qu’ils vont à l’autel ; il y montent pour célébrer un mystère, et un mystère semblable à celui de l’Eucharistie. Car le corps de Jésus-Christ n’est pas plus réellement dans le sacrement adorable que la vérité de Jésus-Christ est dans la prédication évangélique ».
Bossuet, Sermon sur la Parole de Dieu.

 

[1] Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.100.101.
 
[2] Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.100.
 
[3] Mgr. Raymond Bouchex, A la découverte de Vatican II, Parole et Silence, 2009, p.110.
[4] Homélie de la messe chrismale du 5 avril 2012
http://www.diocese-alsace.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=2719:messe-chrismale-presidee-par-mgr-grallet-&catid=623:temps-de-paques&Itemid=2115


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